
Champs dorge, base de lalimentation, dans la région de lAmdo au nord-est du Tibet, province chinoise du Gansu.
© CNRS / P. DOLLFUS

Sur les versants de la Cordillère andine équatorienne, les habitants ont utilisé à l'extrême l'espace disponible. Le résultat est une situation à la limite du déséquilibre.
© CNRS / P. POUYLLAU

Rizières en terrasses à Bali.Le meilleur mode dirrigation pour la culture du riz consiste à immerger les champs.
© CNRS / N. METZL

Lirrigation du maïs.
© CNRS / G. CATTIAU
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Lagriculture sans apport deau autre que celui des précipitations, dite agriculture " sous pluie ", est très contraignante, car le plus souvent la répartition des précipitations, dans lespace et dans le temps, nest guère avantageuse, surtout dans les régions ayant des régimes de pluie très contrastés. Elle limite le choix des cultures car dans une région donnée, seules les plantes adaptées à la répartition annuelle des pluies peuvent être cultivées. Elle assujettit les agriculteurs, et donc les populations, aux aléas climatiques, une sécheresse inattendue pouvant ruiner les récoltes dune lannée. Enfin, elle est impossible dans les régions arides.
Pour pallier ces inconvénients, le meilleur moyen que les hommes aient trouvé jusquici a été dhumidifier artificiellement le sol, à laide de procédés divers : cest ce que lon appelle lirrigation. Lirrigation fournit ainsi aux sols leau dont les cultures ont besoin. Ces besoins dépendent des conditions climatiques et de la nature des sols. Ils diffèrent aussi dune espèce végétale à lautre mais surtout, ils varient au cours du développement végétal pour être maximaux en période de croissance.
Lusage de lirrigation présente de nombreux avantages. Il permet daugmenter la superficie des surfaces cultivées, en particulier dans les zones arides, dassurer parfois deux récoltes (ou plus) au lieu dune seule dans lannée, notamment dans certaines zones tropicales humides, daméliorer les rendements, et dune façon générale dintensifier et de stabiliser la production en se libérant des variations climatiques. Enfin, les techniques modernes dirrigation permettent aussi dans le même temps de fertiliser les sols.
Mais lirrigation ne va pas sans inconvénients.
Mal conduite, elle peut être néfaste pour les sols. Lorsquils sont trop secs, linfiltration de leau se fait mal et si lapport est trop important, une grande partie de leau stagne ou ruisselle le long des pentes. En sévaporant, leau stagnante laisse en dépôt les sels quelle contient, favorisant une salinisation des sols qui deviennent progressivement incultes et doivent être abandonnés ; cest un phénomène que lon observe surtout dans les régions arides et semi-arides. Quant au ruissellement de leau, il favorise lérosion des sols, surtout lorsquils sont secs. À linverse, des sols trop imbibés sont néfastes pour la plupart des végétaux dont ils asphyxient les racines. Les sols doivent donc être convenablement drainés afin de permettre à leau en excès de sévacuer.
Lirrigation est aussi grande consommatrice deau. Dimportantes quantités deau sont en effet nécessaires pour compenser les pertes des plantes et des sols par évapotranspiration. En outre une majeure partie de leau dirrigation retourne directement dans latmosphère, où elle est momentanément perdue pour dautres usages. Cela est dautant plus vrai que plus une plante dispose deau, plus son évaporation est importante. Il existe cependant une limite à ce phénomène au-delà de laquelle un apport supplémentaire deau naugmentera pas la transpiration végétale. Pour éviter dutiliser trop deau, les quantités juste nécessaires aux cultures doivent donc être soigneusement estimées et lirrigation contrôlée.
Quoi quil en soit, pour irriguer les champs, il faut de leau et beaucoup deau, une eau que les hommes doivent parfois aller chercher très loin.

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