Un plan pour les doctorants

CNRS

En recrutant 300 doctorants à l’horizon 2020, dont 200 en 2019, le CNRS envoie un signal fort pour soutenir sa stratégie scientifique.

Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, l’avait annoncé dans le dernier numéro  du Journal CNRS : l’organisme compte recruter 200 doctorants cette année, et au moins une centaine en 2020. Un véritable changement pour la politique scientifique du CNRS qui s’était privée depuis des années, pour des raisons budgétaires, de cette possibilité de financer directement des doctorants. Or un audit de son fonds de roulement a permis d’identifier une somme de 80 millions d’euros libre d’utilisation et le choix a donc été fait d’en investir une partie pour le recrutement de 300 doctorants. « Ce recrutement est un outil de stratégie scientifique : nous donnons aux instituts l’occasion de construire leurs propres propositions à partir de leur vision scientifique », explique Alain Schuhl, directeur général délégué à la science au CNRS.

Les projets scientifiques sélectionnés s’inscriront dans trois champs d’action délimités : la coopération internationale, l’aide à des questions sociales comme par exemple les Objectifs de développement durable définis par l’Organisation des Nations-Unis et la pluridisciplinarité. « Trois champs d’action qui font partie des axes prioritaires du CNRS et qui ne télescopent pas des dispositifs déjà existants », note Alain Schuhl. 

Interdisciplinarité et international

L’appel à projet 80 Prime, clôturé à la fin janvier 2019, a permis de proposer des projets multi-équipes porteurs de pluridisciplinarité et pourra donner lieu au recrutement de 80 doctorants. Soixante autres seront dédiés à l’accompagnement de la politique internationale du CNRS et une soixantaine aux questions de société pour l’année 2019. « Fin mars, nous aurons procédé à l’arbitrage entre les propositions. Les équipes de recherche retenues seront informées rapidement afin de leur donner du temps pour identifier un doctorant en adéquation avec leur projet. », indique le directeur général délégué à la science.

Le CNRS espère également opérer un effet levier via ce recrutement et motiver des financements complémentaires en particulier de collectivités territoriales « Un certain nombre de doctorants seront cofinancés par les régions », explique Alain Schuhl.

Parmi les propositions en sciences humaines et sociales, douze abordent des défis sociaux, liés en particulier aux enjeux de l’intelligence artificielle, de l’éducation ou encore de la santé. « Seulement 42% des doctorants en science de la société et 38% en sciences humaines et humanités bénéficient d’un financement dédié contre plus de 90% pour la plupart des autres sciences1 . Avoir la possibilité de distribuer des contrats doctoraux, par exemple sur les études aréales ou pour favoriser l’internationalisation des sciences humaines et sociales, est donc pour nous une vraie chance », confie François-Joseph Ruggiu, directeur de l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS.

Le CNRS sera également vigilant sur le devenir de ces doctorants en privilégiant des problématiques de sujets de société actuels afin de favoriser leur employabilité à la sortie des trois années doctorales. L’organisme a également fait le choix d’accompagner ce recrutement d’une hausse de 20% du salaire des doctorants, un signal fort pour la valorisation du doctorat. « L’objectif n’est pas d’établir une concurrence avec les autres établissements qui financent des doctorants mais de revaloriser les revenus de ces jeunes chercheurs. C’est un choix nécessaire ! Les salaires des doctorants français sont en effet faibles au vu de leur niveau d’étude » précise le directeur général délégué à la science.

  • 1Source : L’Etat de l’emploi scientifique en France, Ministère de l’Education Supérieure, de la Recherche et de l’Innovation, Rapport 2018.