La délégation Aquitaine se mobilise pour produire du gel hydroalcoolique

CNRS

En lien avec ses partenaires, la délégation Aquitaine du CNRS organise la production de gel hydroalcoolique dans les laboratoires du territoire, au service des soignants et des aides à domicile qui font face au COVID-19.

Le CNRS a passé début avril un accord avec la Fédération nationale des dispositifs de ressources et d’appui à la coordination des parcours de santé (FACS) afin de distribuer des gants et masques de protection et de fabriquer du gel hydroalcoolique pour les soignants de ville et les aides à domicile. « La Nouvelle-Aquitaine fait partie des six régions jugées prioritaires par la FACS, c’est donc naturellement que la délégation Aquitaine du CNRS a organisé la déclinaison territoriale de cette action à l’appel du Président-directeur général », explique Younis Hermès, délégué régional du CNRS en Aquitaine.

La délégation et les laboratoires aquitains mobilisés

Dès le début du mois d’avril et après un premier recensement des quantités de produits chimiques utiles dans les laboratoires, Younis Hermès a organisé, en lien étroit avec les partenaires du site, la production. « Il est très vite apparu que la plateforme technologique AGro-Alimentaire Innovation Recherche (AGIR), hébergée par Bordeaux INP, était le lieu adéquat pour la production du gel hydroalcoolique dans notre circonscription. Une phase préliminaire indispensable a donc été de se coordonner avec nos partenaires. Un comité de pilotage élargi « COVID-19 », dont la délégation régionale à la recherche et à la technologie (DRRT), le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et les établissements d’enseignement supérieur et de recherche font partie, a été mis en place et permet la nécessaire coordination que cette crise doit appeler », précise Younis Hermès.

Groupe DR15
Axelle, Stéphane, Fernando, Jaouen et Estelle surnommés les « Avengel » du site bordelais -
© Erick Dufourc, CNRS

La mobilisation de nombreux laboratoires de recherche du site pour approvisionner la plateforme de production avec leurs stocks de produits a également nécessité de faire appel à ULiSSE1 , l’unité référente au CNRS en matière de transport de marchandises dangereuses (TMD) et de logistique. Ainsi, dès les premiers jours de production, 100 litres de solution hydroalcoolique ont été distribués à des associations d’aide aux personnes comme SUDGIMAD, un service polyvalent d’aide et de soins à domicile, ou encore vers le centre social Foyer Fraternel, qui distribue des colis alimentaires aux personnes dans le besoin.

La sécurité au cœur du dispositif

La mise en place très rapide d’un tel dispositif ne s’est pas faite au détriment de la sécurité. L'ingénieur régional de prévention et de sécurité (IRPS) du CNRS Aquitaine, Stéphane Bernier, a été impliqué dès le départ pour valider les processus mis en œuvre pour cette fabrication, et ce en étroite collaboration avec Jaouen Mary, conseiller de prévention de Bordeaux INP. L’équipe utilise ainsi un protocole de production de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), validé par la FACS.

Sur la plateforme AGIR, les protagonistes consomment la quantité de fluides livrée afin de ne pas avoir trop de stock sur place. La production journalière est ensuite mise dans un espace de stockage à l’Institut de chimie et de biologie des membranes et des nanoobjets2 , situé à 300 m de la plateforme, afin d’attendre les 72 heures recommandées avant la distribution du produit fini qui est étiqueté, daté et numéroté pour un traçage précis de chaque lot.

DR15 2
Vue panoramique des différents postes de travail, avec au premier plan, le densimètre électronique pour le contrôle qualité et le cahier de manipulation pour le suivi de fabrication de chaque lot. © Stéphane Bernier, CNRS


Une production organisée sur la plateforme AGIR hébergée par Bordeaux INP

Une fois la coordination générale assurée et le protocole de production validé, la production a pu démarrer le mardi 14 avril 2020 avec six bénévoles membres des laboratoires de la circonscription. Pour Axelle Grélard3 et Estelle Morvan4 , respectivement ingénieure de recherche et ingénieure d’étude au CNRS, cela a tout de suite été une évidence. « Nous faisons toutes les deux partie des plans de continuité d’activité (PCA) de nos unités puisque nous devons assurer la maintenance cryogénique des huit spectromètres de la plateforme RMN une à deux fois par semaine. Nous étions donc déjà autorisées à venir sur le site et c’est en toute logique que nous avons répondu à l’appel de nos directeurs d’unité pour venir participer à la production du gel. Au-delà de l’aspect pratique, c’est une très bonne initiative que nous avons voulu soutenir ! » expliquent-elles avec enthousiasme.

Les deux chimistes précisent également qu’il est très important de vérifier in fine que le produit est bien conforme et qu’il contient la bonne quantité d’éthanol. « Tout ce procédé demande beaucoup de manutention et de déplacements. Nous produisons vingt bidons de dix litres en trois heures, cela nous fait faire de l’exercice, ce qui n’est pas plus mal en période de confinement », assurent-elles avec une pointe d’humour.

Aux côtés d’Axelle et Estelle, l’équipe de production est composée de Fernando Leal Calderon, Julien Monteil5 , Sébastien Fourcade6 et Isabel Alves7 . « Le groupe est dynamique, motivé, solidaire. Nous faisons une pause convivialité, en respectant les distances, après chaque production. Il y a un réel enthousiasme à se retrouver et à se sentir utile pour les soignants et autres associations solidaires. Nous avons aussi toutes et tous une certaine fierté que nos établissements se soient engagés dans cette action de solidarité. Se sentir utile, c’est vivre ! » ajoute Stéphane Bernier.

« Je souhaite remercier chaleureusement l’ensemble de l’équipe de production ainsi que les laboratoires impliqués et les nombreux agents qui ont contribués à ce dispositif exceptionnel dans la bonne humeur et l’esprit de solidarité », conclue Younis Hermès.

 

  • 1Pour contacter ULiSSE : dirinfo@ulisse.cnrs.fr
  • 2CBMN – CNRS/université de Bordeaux/Bordeaux INP/Bordeaux Sciences Agro.
  • 3 Ingénieure de recherche CNRS à l’institut de chimie et de biologie des membranes et des nanoobjets (CBMN – CNRS/université de Bordeaux/Bordeaux INP/Bordeaux Sciences Agro).
  • 4Ingénieure d’étude CNRS responsable de la RMN à l’Institut européen de chimie et biologie (IECB – CNRS/université de Bordeaux/Inserm).
  • 5Ingénieur d’études Bordeaux INP à l’institut de chimie et de biologie des membranes et des nanoobjets (CBMN – CNRS/université de Bordeaux/Bordeaux INP/Bordeaux Sciences Agro).
  • 6Ingénieur d’étude CNRS à l’institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux (ICMCB – CNRS/université de Bordeaux/Bordeaux INP).
  • 7Directrice de recherche CNRS à l’institut de chimie et de biologie des membranes et des nanoobjets (CBMN – CNRS/université de Bordeaux/Bordeaux INP/Bordeaux Sciences Agro).