Think tanks et clubs de dirigeants d'entreprise : de nouveaux partenaires du CNRS

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Soucieux de tisser des liens dans le tissu économique et industriel français, le CNRS multiplie les initiatives auprès de dirigeants d’entreprises. Pour leur présenter la force de la recherche française, rien de mieux que d’aller les trouver là où ils se réunissent déjà en quête de nouvelles innovations : les think tanks et les clubs de dirigeants.
 

Les colloques scientifiques ne sont pas les seuls rassemblements qui intéressent le CNRS. On le retrouve en effet de plus en plus dans des évènements organisés par des industriels et des entrepreneurs, notamment par le biais de sa Direction des relations avec les entreprises (DRE). Dans l’esprit du Contrat d’objectifs et de performance (COP) du CNRS, cette entité a pour mission de donner un nouveau souffle aux relations avec les entreprises.

« Le CNRS est réputé pour ses forces en termes d’avancée des connaissances scientifiques, dans toutes les disciplines et à un niveau mondial d’excellence, se réjouit Carole Chrétien, directrice de la DRE. Mais il a aussi un objectif moins connu, bien qu’inscrit dans son décret fondateur, qui consiste à contribuer au progrès économique, social et culturel du pays. La DRE, au sein de la direction générale déléguée à l’innovation (DGDI), a pour mission de contribuer à ce progrès, en lien avec tous les acteurs économiques français. Depuis l’origine, notre mission est, comme on dit maintenant, "l’impact". »

Un certain nombre d’actions stratégiques ont ainsi été mises en place, afin de créer et de renforcer les liens avec les décideurs économiques. Si de nombreux contacts existent déjà, en particulier dans l’industrie et les domaines les plus techniques, le CNRS élargit son influence vers de nouveaux pôles comme les think tanks ou les clubs de dirigeants et d’entrepreneurs.

« Les décideurs économiques français ont moins souvent suivi une formation scientifique que dans d’autres pays, comme en Allemagne où de nombreux dirigeants d’entreprises ont un doctorat, explique Carole Chrétien. Nous devons donc les familiariser avec l’organisation et le fonctionnement de la recherche scientifique. Une question d’autant plus cruciale que nous faisons face à des défis sociétaux et environnementaux, accrus avec la pandémie de COVID-19, auxquels les entreprises devront répondre par une R&D de haut niveau. Elles savent que, dans le monde actuel, l’innovation passe par une recherche toujours plus poussée. »

Le CNRS tisse ses liens par le biais de rencontres, d’évènements organisés par les entreprises ou le CNRS lui-même, qui peuvent aller du déjeuner sur un thème précis à un colloque s’étalant sur plusieurs jours. Le CNRS a également participé à un webinaire sur l’énergie et l’hydrogène lors du Sustainable Energies Forum, qui a été organisé le 6 juillet par le HUB Institute. Le CNRS publie également un article tous les mois dans le magazine de l’Institut Choiseul, think tank indépendant qui s’occupe de relations internationales, géopolitiques et géoéconomiques, afin de présenter une thématique de recherche aux entrepreneurs.

« Nous travaillons depuis quelque temps avec le CNRS sur des questions d’innovation, afin de mettre en lumière les projets que le CNRS mène avec de grands groupes français, explique Simone di Tonno, directeur général de l’Institut Choiseul. Nous voulons pousser davantage ce savoir-faire et voir se développer davantage de projets industriels à haute valeur ajoutée. Nous avons d’ailleurs prévu de donner à la rentrée la parole à Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, dans un message à l’écosystème industriel français et européen. »

La dynamique vient également de chercheurs issus d’unités dont le CNRS est tutelle. Ces derniers ont développé leurs propres réseaux et ont identifié les besoins des industriels. Julia Fargeot, responsable partenariat et valorisation de la délégation régionale Provence et Corse du CNRS, explique que le CNRS accompagne et encadre ces scientifiques vers des projets de plus en plus structurants, allant jusqu’au laboratoire commun ou à la chaire industrielle : « Nous allons progressivement vers une action plus proactive. Nous testons d’ailleurs sur le secteur d’Aix-Marseille une nouvelle formule passant par l’adhésion à un club de dirigeants : le 29. Plutôt que de les amener sur des sujets très techniques, nous leur présentons des unités de recherche dont les travaux sont plus compréhensibles par le grand public. »

« Le rapprochement entre le 29 et le CNRS ouvre pour nos membres des pistes enthousiasmantes de découvertes, de réflexion et de collaborations », se réjouit Fabien Brousse, président de ce club qui réunit plus de 400 dirigeants d’entreprises de la Métropole Aix Marseille Provence. Julia Fargeot cite ainsi une visite en mars dernier du Centre de physique des particules de Marseille1 , laboratoire spécialisé dans la physique des particules et qui porte le projet d’observatoire sous-marin des neutrinos au large de Toulon, ainsi qu’un autre à venir à l’observatoire de Haute-Provence. « Ces rencontres vont aider à établir des relations avec nos partenaires potentiels, souligne Julia Fargeot, puis à les amener sur des sujets plus techniques où nos laboratoires sont experts. »

Si la recherche de financements peut sembler à première vue être le principal moteur de ces collaborations pour la recherche publique, les entreprises apportent également des savoir-faire concrets, comme une excellente connaissance des normes internationales et une expertise technique certaine.

« On n’attend pas forcément le CNRS auprès des communautés socio-économiques, mais nous devons occuper cette place et faire en sorte que la science vienne jusqu’à ces décideurs », insiste Catherine Grandhomme, responsable du département Filières stratégiques du CNRS. Cette section a justement pour mission de croiser les compétences scientifiques et les feuilles de route interdisciplinaires du CNRS avec les enjeux industriels actuels. « Les rapprochements avec les clubs de dirigeants sont trop récents pour qu’on en tire un bilan, mais nous essayons d’être les plus visibles possible dans les évènements où sont présents les acteurs économiques et industriels. La prise de contact se fera alors spontanément. »

  • 1CNRS/Aix-Marseille Université.