Le duo cisplastine-squalène : un traitement anticancéreux par voie orale

Résultats scientifiques Vivant et santé

L’équipe de Patrick Couvreur à l’Institut Galien (Université Paris-Sud/ Université Paris-Saclay) a conçu un nouveau nanomédicament à base de cisplatine pour le traitement expérimental du cancer du côlon. Administré par voie orale, ce nanomédicament a montré une activité anticancéreuse accrue et une moindre toxicité rénale par rapport au cisplatine libre, administré par voie intravéneuse. Ces travaux publiés dans la revue Cancer Research pourraient améliorer le confort du patient et éviter des hospitalisations coûteuses.

Le cisplatine est un complexe à base de platine utilisé dans le traitement de différents cancers. Il est actuellement administré sous forme d’injection, peu confortable pour le patient et nécessitant parfois une hospitalisation. Pour contourner ce problème, les chercheurs de l’Institut Galien ont eu l’idée de réaliser un couplage chimique du cisplatine au squalène. En effet,  le squalène est un lipide naturel et biocompatible bien absorbé par voie orale. Ils ont ensuite constaté que ces deux molécules s’auto-assemblaient spontanément sous forme de nanoparticules en milieu aqueux. Ils ont ensuite testé l’activité anticancéreuse de ces nanoparticules dans plusieurs modèles expérimentaux de tumeurs du colon après administration par voie orale.

Les chercheurs ont montré qu’à des concentrations dix fois moins importantes que le cisplatine seul, les nanoparticules de cisplatine-squalène inhibent ex-vivo la croissance de lignées cellulaires de cancer du côlon. Cette amélioration de l’activité anticancéreuse a pu être attribuée à une augmentation de la platination de l’ADN résultant d’une accumulation intracellulaire accrue. Le traitement des cellules cancéreuses par ces nanoparticules déclenche, par ailleurs, toute une série de mécanismes cellulaires comme la production de radicaux libres et l’activation des processus d’apoptose, d’où la destruction des cellules cancéreuses.

Cette meilleure efficacité antitumorale des nanoparticules a ensuite été vérifiée in vivo sur la tumorigénèse spontanée des souris et la dissémination métastasique hépatique d’une tumeur colorectale. Le traitement par nanoparticules ne s’est accompagné d’aucune toxicité aux doses utilisées.

 

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Référence

Larissa Kotelevets, Eric Chastre, Joachim Caron, Julie Mougin, Gérard Bastian, Alain Pineau, Francine Walker,Therese Lehy, Didier Desmaële & Patrick Couvreur

A squalene-based nanomedicine for oral treatment of colon cancer

Cancer Research 22 mai 2017
DOI: 10.1158/0008-5472.CAN-16-1741

 

 

Contact

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Chargée de communication
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Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
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Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC