France : des aires marines… pas encore suffisamment protégées

Environnement

La France, deuxième zone économique exclusive au monde (plus de 10 millions de kilomètres carrés avec l’outre-mer), ambitionne de recouvrir 30 % de son territoire océanique par des aires marines protégées (AMP) d'ici 2022, dont un tiers en "protection forte”. Tandis que la stratégie nationale sur les AMP vient d’être annoncée, une équipe de scientifiques du CNRS a étudié les 524 AMP françaises. Premier constat: l’objectif de 30 % est atteint mais avec une répartition très inégale. Surtout, alors que la cible de protection forte est de 10 %, seul 1,6 % de l’espace maritime français bénéficie d’un statut de protection intégrale ou haute, qui sont les deux niveaux permettant de réduire au mieux les impacts humains sur la biodiversité et qui peuvent être assimilés à de la « protection forte ». Par ailleurs, 80 % de cette protection haute ou intégrale est concentrée dans un territoire, les TAAF ; cette concentration s’élève à plus de 97 % si l’on y inclut également la Nouvelle Calédonie. En métropole, les niveaux de protection sont extrêmement faibles. A titre d’exemples, 59 % des eaux françaises méditerranéennes sont dans des AMP, dont 0,1 % en protection haute ou intégrale ; presque 40 % de la façade Atlantique-Manche-Mer du Nord est sous un statut d’AMP tandis que 0,01 % reçoit une protection haute ou intégrale. Selon les auteurs, des niveaux appropriés de protection dans tous les bassins océaniques sont essentiels pour protéger l’océan, sa biodiversité et soutenir les moyens de subsistance de millions de personnes. Menée par des scientifiques du Centre de recherche insulaire et observatoire de l'environnement (CNRS/UPVD/EPHE-PSL), cette étude est publiée en février 2021 dans Marine Policy.

 

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© Joachim Claudet et Charles Loiseau

 

Bibliographie

Critical gaps in the protection of the second largest exclusive economic zone in the world. Joachim Claudet, Charles Loiseau, Antoine Pebayle, Marine Policy, Février 2021 (papier)
https://doi.org/10.1016/j.marpol.2020.104379

 

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Priscilla Dacher
Presse CNRS