Des anticorps anti-toxines pour lutter contre la pneumonie nécrosante à staphylocoque doré

Résultats scientifiques

La pneumonie nécrosante à Staphylococcus aureus est une affection rare mais fréquemment mortelle. Des équipes du Centre international de recherche en infectiologie de Lyon et de l’Université de San Francisco ont étudié le potentiel thérapeutique des immunoglobulines polyvalentes. Les chercheurs montrent que les immunoglobulines enrayent la progression de la pneumonie en neutralisant l’effet de toxines produites par S. aureus. Cette étude a été publiée le 21 septembre 2016 dans la revue Science Translational Medicine.

Parmi les infections pulmonaires aigües, la pneumonie nécrosante à staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) pose actuellement un problème thérapeutique, notamment lorsque la souche est résistante à la méticilline. Malgré l’administration d’antibiotiques actifs contre le staphylocoque, la mortalité de cette infection reste dramatiquement élevée (75% dans les publications décrivant la maladie) bien qu’elle touche souvent de jeunes patients en parfaite santé. L’absence d’efficacité des antibiotiques seuls peut s’expliquer par la physiopathologie de cette infection qui comprend des caractères à la fois suppuratifs et toxiniques.

A partir de données expérimentales in vitro montrant que des immunoglobulines polyvalentes humaines sont capables de neutraliser certaines toxines de S. aureus, l’administration intraveineuse d’immunoglobulines polyvalentes a été proposée comme traitement complémentaire dans cette maladie. L’absence de preuve scientifique de leur efficacité ralentit cependant l’adoption de cette pratique par l’ensemble de la communauté médicale et scientifique ; en conséquence, les recommandations thérapeutiques varient d’un pays à l’autre quant à l’administration d’immunoglobulines en complément d’un traitement antibiotique. La rareté de la pneumonie nécrosante à Staphylococcus aureus rend très compliquée la réalisation d’un essai thérapeutique classique chez l’homme. Pour contourner ce problème, les chercheurs ont choisi d’utiliser un modèle expérimental de pneumonie nécrosante à S. aureus chez le lapin en utilisant différentes souches résistantes à la méticilline. Les résultats confirment que parmi la myriade d’anticorps présents dans les immunoglobulines polyvalentes, seuls les anticorps dirigés contre deux toxines staphylococciques, l’hémolysine alpha et la leucocidine de Panton-Valentine, protègent les lapins contre la pneumonie nécrosante à S. aureus. L’administration de ces anticorps, préventive ou concomitante avec les antibiotiques, améliore très significativement la survie des animaux. Ces résultats démontrent ainsi que la pneumonie nécrosante est une maladie à forte composante toxinique et, par extension, que les immunoglobulines polyvalentes humaines devraient occuper une place importante dans la prise en charge de cette pathologie.

 

 

Image retirée.
Figure : CrânePoumons de lapins infectés par Staphylococcus aureus. La taille des poumons est proportionnelle à l’œdème pulmonaire et reflète la sévérité de la pneumonie. Les poumons infectés par une souche toxinogène (USA300, à gauche) sont oedémaciés et nécrotiques. Après inactivation de l’hémolysine alpha (Δhla) ou de la leucocidine de Panton-Valentine (Δpvl), deux toxines impliquées dans la nécrose tissulaire, les poumons infectés présentent une taille réduite en lien avec une moindre sévérité de l’infection.

© Equipe B.A. Diep. University of California San Francisco

 

 

 

Vignette illustrant le résumé: © Patrick J. Lynch, medical illustrator - Creative Commons Attribution 2.5 License (2006).

 

 

En savoir plus

  • IVIG-mediated protection against necrotizing pneumonia caused by MRSA. 
    Diep BA, Le VT, Badiou C, Le HN, Pinheiro MG, Duong AH, Wang X, Dip EC, Aguiar-Alves F, Basuino L, Marbach H, Mai TT, Sarda MN, Kajikawa O, Matute-Bello G, Tkaczyk C, Rasigade JP, Sellman BR, Chambers HF, Lina G.
    Sci Transl Med. 2016 Sep 21;8(357):357ra124. doi: 10.1126/scitranslmed.aag1153.

Contact

Gérard Lina