Staphylocoque doré et cellules souches : une mémoire d’éléphant pour un ver immortel

La planaire, ver plat et aquatique, est capable de résister à des bactéries très pathogènes voire mortelles pour l’Homme. Mais ce modèle d’étude est aussi connu pour ses extraordinaires capacités de régénération qui en font un être potentiellement immortel : il ne peut pas mourir de vieillesse. Les cellules souches jouant un rôle central dans la capacité de régénération de la planaire, des chercheurs de l’Unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes (CNRS/IRD/Inserm/Aix-Marseille Université) 1  se sont penchés sur leurs propriétés immunitaires. Leurs travaux, publiés dans la revue EbioMedicine ont mis en évidence, chez la planaire, une nouvelle voie de défense contre le staphylocoque doré impliquant les cellules souches. Celles-ci ont été identifiées comme étant le support de la mémoire immunitaire innée. Un premier contact de ces cellules avec le staphylocoque doré provoque une expression accrue des gènes de l’immunité, et active donc la mémoire immunitaire. De ce fait, l’élimination du pathogène est facilitée lors d’un deuxième contact avec le microbe. Cette découverte révèle une fonction immunitaire insoupçonnée des cellules souches et ouvre ainsi de nouvelles pistes d’action dans la lutte contre le staphylocoque doré ainsi que dans le développement de nouvelles thérapies applicables à l’Homme basées sur l’instruction des cellules souches.

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Figure : Les vers planaires sur lesquels ont travaillé les chercheurs pour cette étude. Une succession d’interactions moléculaires déclenchée par les cellules souches active la mémoire immunitaire des planaires suite à un premier contact avec le staphylocoque doré.
© Éric Ghigo

 

En savoir plus

  • Référence : S. aureus promotes Smed-PGRP-2/Smed-setd8-1 methyltransferase signalling in planarian neoblasts to sensitize anti-bacterial gene responses during re-infection, Cedric Torre, Prasad Abnave, Landry Laure Tsoumtsa, Giovanna Mottola, Catherine Lepolard, Virginie Trouplin, Gregory Gimenez, Julie Desrousseaux, Stephanie Gempp, Anthony Levasseur, Laetitia Padovani, Emmanuel Lemichez, Eric Ghigo, EBioMedicine, 24 avril 2017. DOI : 10.1016/j.ebiom.2017.04.031

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  • 1En collaboration avec des chercheurs du Centre méditerranéen de médecine moléculaire (Inserm/Université de Nice Sophia Antipolis) et du Département de génomique et bioinformatique à Otago en Nouvelle-Zélande.

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Léa Peillon-Comby