Fumer augmenterait la sensibilité au stress

Il est généralement suggéré que le manque de nicotine 1  produit un stress alors que fumer détend. En montrant que l’exposition à la nicotine augmente la sensibilité au stress, des chercheurs du laboratoire Neurosciences Paris-Seine (CNRS/Inserm/UPMC) et de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (CNRS/Université de Nice Sophia Antipolis) pourraient remettre en cause cette idée populaire. Grâce à des données comportementales et électrophysiologiques 2 , les chercheurs ont évalué l’impact du stress social 3  chez la souris en bloquant ou en activant certains acteurs moléculaires : les récepteurs nicotiniques. L’étude a montré que les signes de stress social chez la souris sont supprimés dans le premier cas mais amplifiés dans le second, indiquant que ces récepteurs sont impliqués dans les voies physiologiques induisant les effets du stress. Les chercheurs ont également mis en évidence qu’une souris exposée à une unique agression par un congénère présente des signes de stress uniquement dans le cas où elle a été exposée à de la nicotine au préalable. Cette étude, publiée le 25 juillet dans Molecular Psychiatry, interroge sur le rôle de ces récepteurs nicotiniques comme éléments de contrôle du stress. Les scientifiques essaieront prochainement de comprendre si cette étude est généralisable à tous les troubles de l’humeur et si ces résultats sont transposables à l’Homme.

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En savoir plus

  • Nicotinic receptors mediate stress-nicotine detrimental interplay via dopamine cells’ activity,Carole Morel, Sebastian P. Fernandez, Fani Pantouli, Frank J. Meye, Fabio Marti, Stefania Tolu, Sebastien Parnaudeau, Hélène Marie, François Tronche, Uwe Maskos, Milena Moretti, Cecilia Gotti, Ming-Hu Han, Alexis Bailey, Manuel Mameli, Jacques Barik et Philippe Faure, Molecular Psychiatry, 25 juillet 2017, doi : 10.1038/MP.2017.145.

  •  

  • 1La nicotine, principale molécule addictive du tabac, est une substance psychoactive dont l’exposition répétée altère le fonctionnement de nombreux circuits neuronaux. Elle agit principalement via les récepteurs nicotiniques.
  • 2Le cerveau est le siège de siège d’une intense activité électrique pouvant être mesurée via des électrodes. Dans cette étude, les chercheurs ont notamment enregistré l’activité des neurones dopaminergiques.
  • 3Dans cette étude, le stress social correspond à une situation dans laquelle une souris est exposée aux agressions répétées de congénères dominants.

Contact

Philippe Faure
Directeur de recherche CNRS au Laboratoire de plasticité du cerveau (CNRS/ESPCI PARIS)
Jacques Barik
Léa Peillon-Comby