Cancer de la prostate : les récepteurs LXRs contre-attaquent !

Résultats scientifiques

Durant sa vie, un homme sur cinq sera confronté au diagnostic d’un cancer de la prostate. D’un point de vue thérapeutique, le traitement de ce cancer au stade avancé s’appuie sur la thérapie anti-hormonale qui donne de bons résultats mais une efficacité transitoire. L’équipe de Silvère Baron et Jean Marc Lobaccaro au laboratoire Génétique reproduction et développement, montrent pour la première fois que les récepteurs LXRs présents dans le tissu prostatique, sont capables de freiner l’évolution métastatique du cancer de la prostate. Comme tout récepteur, ceux-ci peuvent être activés pas des molécules naturelles ou médicinales, ce qui ouvre des perspectives importantes dans le développement de futurs traitements pour combattre l’évolution métastatique du cancer de la prostate. Ces travaux ont été publiés le 5 septembre 2017 dans la revue  Nature Communications.

Selon la Haute Autorité de Santé, le cancer de la prostate se situe au 1er rang des cancers incidents chez l’homme et représente la 3ème cause de décès par tumeur chez l’homme en France. Ce cancer est caractérisé par une prolifération incontrôlée des cellules épithéliales de cette glande, qui se multiplient de façon anarchique pour former une tumeur maligne. Avec le temps, la tumeur peut s’étendre localement (cancer localisé). A terme, les cellules peuvent migrer hors de la prostate, essentiellement vers les ganglions lymphatiques et les os, entraînant des métastases. La présence de métastases osseuses est un facteur de pronostic négatif puisque le risque de décès est alors multiplié par 5 environ. Le traitement du cancer de la prostate, surtout dans ces stades avancés, est donc un challenge crucial, surtout pour prévenir la dissémination métastatique.

 

A ce jour, les modèles animaux mimant les différents stades de développement tumoral du cancer de la prostate, depuis les premiers stades jusqu’aux métastases, sont quasiment inexistants. A partir d’un modèle de souris présentant la mutation génétique la plus souvent retrouvée chez l’homme (perte du gène PTEN) mais ne développant quasiment pas de métastases, l’équipe de recherche animée par 
Silvère Baron et Jean-Marc Lobacaro a pu créer une nouvelle souris présentant 100% de dissémination métastatique dans les ganglions, les poumons, le cerveau et les os, mimant ainsi le développement spatiotemporel d’un cancer de la prostate. Ce phénotype est observé quand les gènes codant les récepteurs LXRs sont enlevés. Ce travail de recherche collaboratif avec des équipes de Clermont-Ferrand, Rome, Milan, et Amsterdam démontre que les LXRs bloquent la dissémination métastatique du cancer de la prostate.

 

Les LXRs sont des récepteurs nucléaires activables par des molécules oxydées du cholestérol, les oxystérols, qui contrôlent, en autres, le métabolisme du cholestérol. La même équipe de recherche avait déjà démontré le rôle positif des LXRs dans le contrôle de la croissance tumorale dans ses phases précoces. Pour les chercheurs, cette découverte est importante car elle constitue une nouvelle piste intéressante dans le développement de molécules innovantes activant spécifiquement les LXRs dans le cancer de la prostate, en complément des thérapies pharmacologiques classiques bloquant la synthèse et/ou l’action des androgènes, afin de diminuer voire d’empêcher la dissémination métastatique.

 

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Figure 1. L’épithélium prostatique normal est constitué d’une monocouche de cellules. Au cours du vieillissement, des évènements génétiques peuvent survenir et, sans réparation, conduisent au développement de foyers tumoraux. Des déséquilibres métaboliques et/ou des déséquilibres hormonaux entraînent la croissance de ces tumeurs. La dissémination métastatique est un phénomène lié à la séparation des cellules cancéreuses de leur lieu originel sous l’action de métalloprotéases qui permettent le détachement de ces cellules et la rupture de la lame basale. Les cellules ainsi « libres » voyagent via la lymphe et la circulation sanguine pour aller coloniser des territoires spécifiques (cerveau, ganglion lymphatique, os) et développer des tumeurs secondaires. Les travaux de l’équipe montrent que les LXRs s’opposent aux mécanismes conduisant au développement métastatique du cancer.

© Silvère Baron - Laboratoire Génétique Reproduction et Développement

 

 

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Figure 2. Envahissement ganglionnaire de cellules tumorales prostatiques positives pour le marqueur CK18 (en vert) visible en partie gauche, structure tissulaire du ganglion visible en partie droite par une coloration hématoxyline et éosine.

© Silvère Baron - Laboratoire Génétique Reproduction et Développement.

 

 

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