Addiction à la cocaïne : vers une application chirurgicale dans le noyau subthalamique ?
A) Lorsque les animaux s’auto-administrent la cocaïne pendant des sessions de courte durée (ShA, 2 heures), ils atteignent progressivement un niveau stable. Lorsqu’ils ont un accès prolongé de 6h/jour à la drogue (LgA), pour une même durée illustrée ici (

Addiction à la cocaïne : vers une application chirurgicale dans le noyau subthalamique ?

Résultats scientifiques

Une équipe de neurobiologistes de Marseille vient de montrer qu’il est possible de prévenir la mise en place de l’addiction à la cocaïne en bloquant une activité anormale dans une région du cerveau appelée le noyau subthalamique. Chez un modèle de rats «addicts», ils montrent que le blocage de cette région limite la rechute après une période d’abstinence. Ces données publiées dans Molecular Psychiatry ouvrent des perspectives dans le traitement de l’addiction.

ans les processus qui conduisent à l’addiction, la perte de contrôle sur la consommation (augmentation en terme de dose et fréquence d’usage) est un point de départ. Il est donc important de comprendre son substrat neurobiologique. L’équipe a mis en évidence chez le rat que lors de la perte de contrôle de la consommation de cocaïne, il y a une augmentation anormale d’activité dans une région profonde du cerveau : le noyau subthalamique (NST). 

Les chercheurs ont également montré qu’empêcher le développement de cette activité anormale par lésion ou stimulation cérébrale profonde à haute fréquence permet de bloquer la perte de contrôle et de maintenir une consommation contrôlée et stable. Chez des animaux qui ont déjà perdu le contrôle de leur consommation (ayant montré une escalade de leur consommation ; ce qui est le plus transposable au sujet humain toxicomane), l’application de la stimulation cérébrale profonde du NST réduit la consommation de cocaïne lors d’un épisode de ré-escalade après une période d’abstinence. 

Ces résultats suggère que la stimulation cérébrale du NST appliquée à haute fréquence, comme ce qui est actuellement un traitement de la maladie de Parkinson, pourrait avoir une application intéressante chez les usagers de cocaïne dépendants qui rechutent souvent après des périodes d’abstinence.

Image retirée.
A) Lorsque les animaux s’auto-administrent la cocaïne pendant des sessions de courte durée (ShA, 2 heures), ils atteignent progressivement un niveau stable. Lorsqu’ils ont un accès prolongé de 6h/jour à la drogue (LgA), pour une même durée illustrée ici (30min) le niveau de consommation augmente, on parle d’escalade de la consommation. B) les couleurs chaudes indiquent l’activité enregistrée au sein du noyau subthalamique juste avant le début des sessions d’accès à la drogue pendant la phase de consommation contrôlée (Short Access (2h)) et pendant la perte de contrôle (Long Access (6h)). C) Effet préventif sur l’escalade chez les animaux stimulés (ON, rouge) par rapport aux animaux non stimulés (OFF, blanc) D) Effet thérapeutique sur la ré-escalade après une période d’abstinence chez des rats qui ont escaladé leur consommation de cocaïne.
© Christelle Baunez

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Christelle Baunez
Chercheuse CNRS