Des vocalises de plaisir pour réduire la consommation de drogue chez le rat

Résultats scientifiques Neuroscience, cognition

Les rats utilisent des vocalises dans les ultrasons pour communiquer des émotions positives (haute fréquence d’ultrasons) ou négatives (basses fréquence d’ultrasons). Les chercheurs ont montré que des vocalises positives émises par un rat étranger au rat testé diminuent sa consommation de cocaïne, alors que la diffusion de vocalises négatives l’augmente de manière transitoire. La lésion du noyau subthalamique, une structure profonde du cerveau, annule ces modulations. Ces résultats, publiés dans Addiction Biology, soulignent l’importance du rôle joué par le contexte social, et notamment la communication, au moment de la consommation de drogue.

On savait, chez des rats « usagers de drogue » que la présence d’un congénère au moment de la consommation peut influencer cette dernière en la diminuant. Afin d’étudier les facteurs qui interviennent dans la prise en compte du contexte social et la recherche des régions cérébrales impliquées dans cette influence, les chercheurs ont utilisé la diffusion d’enregistrements de vocalises émises par un rat étranger au rat testé. Pour recevoir une injection intraveineuse de cocaïne le rat doit effectuer 5 appuis consécutifs sur un levier. Le premier appui déclenche l’émission des vocalises (positives ou négatives selon la session d’une heure). Les vocalises positives permettent de diminuer la consommation de cocaïne du rat qui les entend. Au contraire, l’audition de vocalises négatives augmente de manière transitoire la consommation de cocaïne, uniquement pendant la première session. Cette influence est spécifique à la consommation de drogue puisque les vocalises positives comme négatives n’ont aucune influence sur le comportement du rat qui les entend lorsqu’il travaille pour de la nourriture sucrée.

Afin de mieux comprendre le réseau cérébral intervenant dans cette influence, le noyau subthalamique, une région du cerveau impliquée dans les processus motivationnels et émotionnels, a été lésé chimiquement. Les animaux lésés sont restés insensibles à tous les types de vocalises, maintenant un niveau constant de consommation de cocaïne.

L’ensemble de ces résultats souligne l’importance du rôle joué par le contexte social, et notamment la communication, au moment de la consommation de drogue et apporte un élément d’information quant au substrat neurobiologique impliqué dans cette influence.

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Figure : Représentation du nombre d’injections de cocaïne prises en une heure au cours de sessions durant lesquelles les ratssont exposés à divers playbacks de vocalises ultrasoniques. L’exposition à un playblack de vocalises positives (50 kHz, ronds verts) diminue le nombre d’injections de cocaïne prises en une heure par rapport à une absence d’exposition (baseline, ronds vides) ou l’exposition à un bruit de fond (background; ronds gris). A l’inverse, l’exposition à un playback de vocalises négatives (22kHz, ronds rouges) augmente de manière transitoire la consommation de drogue.

© Christelle Baunez

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Christelle Baunez
Chercheuse CNRS