Troubles du contrôle des impulsions dans la maladie de Parkinson

Résultats scientifiques Neuroscience, cognition

Les symptômes non-moteurs de la maladie de Parkinson (qui incluent les troubles du contrôle des impulsions, liés à la maladie et/ou aux traitements dopaminergiques) altèrent la qualité de vie des patients parkinsoniens au même titre que les symptômes moteurs. Dans cette étude, parue dans la revue Brain, les chercheurs ont identifié les mécanismes neurophysiopathologiques sous-tendant les dérégulations de la prise de décision observées chez des patients ayant un trouble du contrôle des impulsions bien spécifique : l’hypersexualité.

Les patients atteints de la maladie de Parkinson (MP) peuvent développer des troubles du contrôle des impulsions (TCI) sous traitement dopaminergique. Les TCI englobent un large éventail de comportements, tels que l'hypersexualité, le jeu pathologique ou les achats compulsifs. Cependant, les systèmes cérébraux engagés dans des TCI spécifiques restent mal caractérisés.

Dans cette nouvelle étude utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle 
 (IRMf), les chercheurs ont cherché à déterminer quels systèmes cérébraux sont engagés dans l’attente d’images érotiques chez des patients atteints de MP ayant une hypersexualité (MP+HS), chez des patients sans hypersexualité (MP-HS) et des participants témoins non-atteints. Les patients atteints de MP ont été évalués avec ou sans traitement lévodopa (L-Dopa). Placés dans l’IRMf, les participants devaient choisir entre deux options: attendre 1,5 seconde pour visualiser brièvement une image érotique, ou attendre plus longtemps pour voir l'image érotique plus longtemps. Au moment de la prise de décision, l’équipe a identifié quelles régions du cerveau étaient impliquées dans l'évaluation de ces deux options.

Les patients (MP+HS) étaient prêts à attendre plus longtemps les ‘récompenses’ (images érotiques) différées que les patients (MP–HS) et les témoins. Ainsi, en utilisant des stimuli érotiques qui les motivent, les patients (MP+HS) se montraient en fait moins impulsifs pour la récompense immédiate. Au niveau cérébral, les (MP+HS), comparés aux contrôles et aux (MP–HS), engageaient d’avantage le cortex préfronto-ventromédial, lorsque la durée de l’attente proposée augmentait, alors que l’inverse était vrai pour les groupes contrôles. Cette région cérébrale est connue pour évaluer les différentes options proposées pour présider à la décision. De plus, chez les patients (MP+HS), le traitement à la L-Dopa augmentait encore d’avantage ce biais pour attendre les images retardées ainsi que cette activité cérébrale par rapport à la période sans traitement L-Dopa.

Pris dans leur ensemble, ces résultats identifient les sites anatomiques et l’effet de la L-Dopa sur le surcroit de motivation pour les images érotiques chez les patients hypersexuels et pourraient à terme servir à mieux cibler ces sites dans un but thérapeutique.

Image retirée.
Figure : En haut à gauche. Expérience d’IRMf réalisée chez les patients. Placés dans le scanner, les participants devaient choisir entre deux options: attendre 1,5 seconde pour visualiser brièvement une image érotique, ou attendre plus longtemps pour voir l'image érotique plus longtemps. Au moment de la prise de décision, l’équipe a identifié quelles régions du cerveau étaient impliquées dans l'évaluation de ces deux options. A droite. Les patients MP + HS étaient prêt à attendre plus longtemps (taux de décompte temporel moins important) les images érotiques différées que les patients MP-HS et les témoins. (PD+HS : Parkinsoniens ayant des troubles de l’Hypersexualité. PD-HS : Parkinsoniens sans Hypersexualité. On : traitement L-DOPA ; OFF : sans traitement). En bas. Au niveau cérébral, les PD + HS, comparés aux contrôles et à PD-HS, engageaient d’avantage le cortex préfronto-ventromédial, lorsque la durée de l’attente proposée augmentait. Cette région cérébrale est connue pour évaluer les différentes options proposées pour présider à la décision.

© Jean-Claude Dreher

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Contact

Jean-Claude Dreher
Chercheur CNRS à l'Institut des sciences cognitives (ISC) - Marc Jeannerod - (CNRS/Université Claude Bernard)