Découverte d’un manuscrit autographe de Bernardin de Sienne

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En 2013, des collectionneurs privés souhaitant garder l’anonymat contactent l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT, UPR841, CNRS) à Paris. Ils souhaitent lui confier la description de leur collection comprenant 80 manuscrits médiévaux. Cette demande entraîne alors une collaboration entre l’IRHT et ces particuliers : ces derniers proposent un financement sous forme de mécénat et permettent à l’IRHT de disposer de la reproduction numérique de ces recueils. L’étude des manuscrits va être confiée par Francesco Siri, post-doctorant, et Dominique Stutzmann, chargé de recherche CNRS, à différents chercheurs en fonction de leurs spécialité.

C’est ainsi qu’a été confié à Sophie Delmas, docteur en histoire médiévale de l’Université Lyon 2 et membre associée du Laboratoire d'Etudes sur les Monothéismes (LEM, UMR8584, CNRS / EPHE / Université Paris IV Sorbonne), le manuscrit « IRHT, Collection privée, CP 360 », un recueil pastoral d’origine italienne, daté du début du XVe siècle. Il s’agit d’un petit ouvrage de la taille d’un livre de poche (16 cm x 11 cm) de 192 folios qui comprend des sermons, souvent abrégés. L’étude attentive du contenu (certains sermons sont datés, d’autres précisent le lieu ou l’auditoire), l’examen de l’étiquette collée sur la reliure en cuir, l’observation des sceaux rouges au début et à la fin du recueil permettent à Sophie Delmas d’identifier ce volume comme étant l’Itinerarium anni, un manuscrit autographe d’un des plus grands prédicateurs franciscains de la fin du Moyen Âge, Bernardin de Sienne.

Cette découverte est très importante pour plusieurs raisons. Le manuscrit autographe avait été perdu à la fin du XVIIIe siècle à Sienne après avoir été confié à un diplomate Giulio Franchini Taviani. Même si deux copies avaient été réalisées au XVIIIe siècle, les copistes avaient alors écarté de nombreux sermons qui avaient été barrés d’un trait de plume par Bernardin de Sienne. Ce manuscrit exceptionnel est désormais en cours d’étude par Francesco Siri (IRHT) et moi-même : il est possible d’en étudier la codicologie, les annotations marginales, les sermons inédits, ce qui permettra de mieux comprendre comment prêchait et travaillait le célèbre frère mendiant.

 

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Étiquette collée sur le plat inférieur : « Itinerar[ium] anni seu Sylva pred[icabilis] s. Bernard[ini] ». La lecture du prénom "Bernard" à la place de "Bernardin" a induit les différents propriétaires du manuscrit en erreur.

 

 

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fol. 27v et 28r du manuscrit : la colonne de droite a été barrée par Bernardin de Sienne au cours de son travail. Ces sermons barrés n'ont pas été pris en compte dans les copies faites au XVIIIe siècle. 

 

 

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Sophie Delma