Une nécropole d’hypogées dans une minière de silex néolithique (Vert-la-Gravelle « La Crayère » - Marne)

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Depuis 2010, Rémi Martineau, chercheur CNRS au sein de l’unité ARTEHIS : Archéologie, Terre, Histoire, Sociétés (UMR6298, CNRS / Université de Bourgogne / Ministère de la culture et de la communication), coordonne un programme de recherche sur les occupations néolithiques dans les marais de Saint-Gond (Marne).

La région des marais de Saint-Gond comprend plus de 120 des 150 sépultures collectives en hypogée (sépultures collectives souterraines) du département de la Marne. Tous ces monuments funéraires datent du Néolithique récent (3600-3000 avant notre ère).
L’exploitation du silex, très abondant et de très grande qualité, permet d’expliquer en partie les raisons de cette intense occupation. Plus de 15 minières de silex ont été identifiées. Les indices de minières repérés par photographie aérienne et télédétection semblent couvrir des centaines d’hectares. Ces exploitations intensives et ces productions d’outils ont été largement exportées dans le quart nord-est de la France pendant tout le Néolithique.  
L’objectif général du programme de recherche mené par Rémi Martineau est de reconstituer l’organisation et la structuration du territoire à l’époque néolithique.

 

Description du site

Fouillé en partie par Joseph de Baye en 1873, le site de « La Crayère » à Vert-la-Gravelle (Vert-Toulon) a été redécouvert en juin 2012. Il fait l’objet d’une campagne de fouilles annuelle depuis 2013. 
Le site comprend une minière de silex couvrant une très grande surface, ainsi qu’une nécropole d’hypogées qui a été installée dans une tranchée d’exploitation du silex. 
La minière comprend deux puits en cloche reliés entre eux par une galerie basse séparée par un pilier. Quelques mètres plus bas ont été creusés deux puits d’exploration pour rechercher les bancs de silex.  
Trois longues tranchées d’exploitation du silex ont été creusées en front de taille, à ciel ouvert. Ces tranchées ont exploité un banc de silex situé à 192 mètres d’altitude. Les stratigraphies des comblements montrent que ces tranchées ont été creusées et exploitées en plusieurs phases successives. 
L’ensemble de la minière est daté entre 4300 et 4000 avant notre ère. Plus de 70 objets en bois de cerf ont été découverts, dont au moins 20 pics et leviers, caractéristiques des minières de silex. L’industrie lithique comprend près de 4000 silex taillés, dont quelques armatures de flèche.

La nécropole comportait quatre hypogées, dont trois sont conservés. Deux ont été fouillés par Joseph de Baye en 1873-1874. Ils sont attribuables au Néolithique récent (3600-3000 avant notre ère). Les monuments possèdent des chambres carrées de 8 à 10 m2 auxquelles on accède directement par un couloir de 2 à 4 mètres de long. Il n’y a pas d’antichambres. Ces hypogées sont très bien conservés et présentent de très nombreuses traces de creusement sur les parois, les plafonds et les sols des chambres funéraires. Les chambres funéraires fouillées par de Baye contenaient des poteries, des gaines de haches en bois de cerf, des haches en silex, des poinçons en os, des outils en silex et des armatures de flèches. Les relevés classiques des monuments sont complétés par une numérisation photogrammétrique 3D de l’ensemble du site afin de mettre en évidence le travail d’excavation mené à l’époque et de restituer les étapes de la fouille pour le grand public. Associées à des mesures morphométriques, ces données photogrammétriques vont permettre d’étudier les traces et les techniques de creusement des hypogées et des structures d’extraction du silex.

Image retirée.
Le site de La Crayère en cours de fouille © Rémi Martineau

 

Image retirée.
Une hypogée © Rémi Martineau

 

Caractère exceptionnel et valorisation du site

Le site de La Crayère est exceptionnel à plus d’un titre. Il est parfaitement conservé sur près de trois mètres de hauteur et comporte une stratigraphie des niveaux de comblement sur 1,4 mètres d’épaisseur. Il constitue le seul site connu réunissant une minière de silex et une nécropole d’hypogées. Il s’agit d’un des rares sites d’extraction minière du Néolithique présentant des exploitations en front de taille à ciel ouvert. Les puits d’exploration du silex (puits tests) permettent de caractériser le système d’exploitation minier de manière tout à fait précise. Enfin, il s’agit actuellement de la seule minière de silex en cours de fouilles en France.

Le site présente également la possibilité unique de permettre une valorisation à caractère pédagogique. La chambre funéraire d’un hypogée est facilement visible à partir d’une ancienne cabane du XIXe siècle creusée dans la craie. Cette situation constitue une sorte de fenêtre sur un musée de plein air permettant de voir un hypogée datant de plus de 5000 ans.

 

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