Quand nous parlons, les noms nous font ralentir !

Sciences du langage

Dans plusieurs langues très diverses (issues de la forêt amazonienne, de Sibérie, de l'Himalaya, du désert du Kalahari, ainsi qu’en anglais et en néerlandais), le débit de la parole est plus lent avant les noms, par comparaison avec les verbes. C’est ce que vient de montrer une équipe internationale de linguistes, dirigée par un chercheur du CNRS. Ce résultat, inattendu, suggère que les noms nécessitent davantage de planification que les verbes, sans doute parce qu’ils apportent en général de nouvelles informations. En effet, au lieu d’être répétés lorsqu’ils n’apportent pas d’information nouvelle, les noms peuvent être remplacés par des pronoms ou éludés, ce qui n’est pas le cas des verbes. Ce ralentissement avant les noms semble universel – ainsi, les chercheurs supposent qu’il se produit aussi en français. Curieusement, l'anglais, sur lequel reposaient la plupart des recherches antérieures, présente le comportement le plus atypique parmi les neuf langues étudiées1. Cela souligne l'importance, pour éclairer notre compréhension du langage humain, de considérer des données provenant d’un large échantillon de langues, en incluant notamment les langues rares.

1. Comme dans les autres langues, le débit est plus lent avant les noms qu’avant les verbes, mais les locuteurs ont tendance à faire davantage de pauses avant les verbes qu’avant les noms.


Référence :

Nouns slow down speech across structurally and culturally diverse languages, Frank Seifart, Jan Strunk, Swintha Danielsen, Iren Hartmann, Brigitte Pakendorf, Søren Wichmanne, Alena Witzlack-Makarevich, Nivja H. de Jong et Balthasar Bickel. PNAS

 

 

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© Jean-Claude MOSCHETTI/CNRS Photothèque

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