Comment ma petite sœur influence mes préférences faciales ?

Le développement des préférences sexuelles chez l’homme est un processus complexe, qui dépend à la fois de facteurs génétiques et environnementaux, mais aussi de l’expérience individuelle. Menée en collaboration avec des chercheurs européens et coordonnée par Gwenaël Kaminski, enseignant-chercheur en psychologie cognitive et membre du laboratoire Cognition, langues, langage, ergonomie (CLLE, UMR5263, CNRS / Université Toulouse Jean Jaurès), une étude parue dans la revue Scientific Reports apporte un nouveau regard sur la variabilité individuelle dans les préférences faciales.

Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont proposé à plus d’un millier d’hommes hétérosexuels, d’une trentaine d’année et de vingt-cinq pays différents, d’évaluer leurs préférences faciales. Parallèlement, ils ont recueilli différentes informations personnelles relatives au statut parental ou à la composition de la fratrie (nombre, sexe et âge des frères/sœurs).

 

Image retirée.
Cette image montre le visage d’un même individu, 
mais l’un a été rendu plus féminin (à droite), l’autre plus masculin (à gauche).

 

 

Trois grands résultats émergent de cette étude.

On constate d’abord que, contrairement aux hommes ayant des frères et/ou sœurs, la paternité (avoir au moins un enfant) réduit les préférences pour les visages féminins chez les hommes étant enfant unique.

Par ailleurs, la composition de la fratrie influence à deux niveaux les préférences pour les visages féminins. Les hommes avec des sœurs ont des préférences plus faibles que les hommes avec des frères pour les visages féminins. De plus, en interaction avec le statut parental, l’âge de la sœur au moment de la paternité joue également un rôle dansles préférences : la paternité augmente les préférences pour les visages féminins, uniquement chez les hommes ayant une petite sœur.

Enfin, parmi les hommes ayant des petites sœurs, plus la différence d’âge avec elles est importante, plus la préférence pour les visages féminins augmente chez les hommes devenus pères alors qu’elle tend à diminuer pour les hommes sans enfant.

Cette étude démontre pour la première fois que la préférence des hommes pour les visages féminins peut être modulée non seulement par la composition de la fratrie, mais également par la paternité et son interaction avec la composition de la fratrie. Elle illustre ainsi l’effet que peut avoir l’expérience acquise à un âge précoce sur la plasticité du traitement facial à l’âge adulte.

 

Référence :
Marcinkowska, Terraube et Kaminski2016Imprinting and flexibility in human face cognition. Sci. Rep. 6, 33545; doi: 10.1038/srep33545 (2016)

 

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