Découverte d’une tombe samnite intacte à Pompéi
Le Centre Jean Bérard (USR 3133, CNRS / Ecole française de Rome), en collaboration avec la Surintendance archéologique de Pompéi, travaille depuis plus de 10 ans sur un programme de recherche lancé par Jean-Pierre Brun, professeur au Collège de France, intitulé « Artisanat et économie à Pompéi ». De nombreux métiers ont été étudiés : tanneurs, parfumeurs, boulangers, teinturiers, plombiers, peintres, etc., en cherchant à déployer le potentiel de conservation de Pompéi pour aboutir à une meilleure connaissance des techniques de production antiques et de leur évolution.
Il y a quatre ans, l’équipe franco-italienne dirigée par Laëtitia Cavassa — Centre Camille Jullian (UMR7299, CNRS / Aix-Marseille Université / Ministère de la Culture et de la Communication) et Centre Jean Bérard (CNRS / Ecole française de Rome) — avec Bastien Lemaire — Archéologie des Sociétés Méditerranéennes (UMR5140, CNRS / Université Paul Valéry de Montpellier) — a entrepris l’étude et la fouille d’un atelier de potier. Les résultats ont permis de démontrer que cet atelier se développait sur au moins trois boutiques et était en activité au moment de l’éruption du Vésuve en 79 de notre ère. Plusieurs étapes du travail de cette activité ont pu être illustrées avec la découverte de quatre tours de potiers, de nombreux vases crus en phase de séchage et trois fours. En outre, le type de production — des gobelets à paroi fine — a pu être déterminé.
La campagne de septembre 2015 avait pour objectif de comprendre le développement de cet atelier au-delà de la dernière boutique. Les fouilles réalisées au sein de la nécropole de la Porte d’Herculanum ont en fait révélé la présence d’une sépulture à inhumation à caisses en calcaire du Sarno datant de la période samnite (IVe s. avant notre ère). Il s’agit d’un exceptionnel témoignage des pratiques funéraires de la Pompéi préromaine, illustrée par un riche mobilier funéraire composé de douze vases à vernis noir et figurés, déposés auprès du corps de la défunte.
Les fouilles sont actuellement financées non seulement grâce aux fonds du Ministère des Affaires étrangères français par l’intermédiaire du Centre Jean Bérard, de l’Ecole française de Rome, mais également par le Centre Camille Jullian et par du mécénat (CMD², Artfusion, Art et luxe, etc.)
Un support aux recherches archéologiques a été fourni par des prospections géophysiques (radars et magnétiques) réalisées par l’Université de Salerne, sous la direction scientifique d’Alfonso Santoriello, dans le cadre du projet "Pompéi 3D " dirigé par Hélène Dessales, membre de l’unité Archéologie et philologie d'Orient et d'Occident (AOROC, UMR8546, CNRS / ENS).
Ces recherches entrent dans le cadre d’une concession de fouilles pluriannuelles délivrée par le Ministero per i beni e delle attività culturali e del turismo. Elles font partie d’un plus large programme dirigé par Sandra Zanella (Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne), Laëtitia Cavassa (Centre Camille Jullian), Nicolas Laubry (Centre de recherche en histoire européenne comparée, Université Paris-Est Créteil Val de Marne) et Nicolas Monteix (Université de Rouen) intitulé « Organisation, gestion et transformations d’une zone suburbaine : le secteur de la Porte d’Herculanum à Pompéi, entre espace funéraire et commercial ». Ce programme fait partie du contrat quinquennal de l’École française de Rome.
© Laetitia Cavassa
© Bastien Lemaire
© Géraldine Bénit