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Brevets et licences

Des biomarqueurs pour un traitement personnalisé du myélome multiple

Une équipe de l'Institut de génétique humaine (CNRS/université de Montpellier) a développé un test in vitro permettant d'identifier les patients atteints d'un myélome multiple à haut risque (un cancer de la moelle osseuse) qui pourraient bénéficier d'un traitement par l'inhibiteur d'EZH2, un traitement déjà en essais cliniques pour d'autres cancers hématologiques.

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Le myélome multiple est un cancer des plasmocytes, cellules présentes dans la moelle osseuse. Très hétérogène sur le plan moléculaire, il demande une approche de médecine personnalisée pour adapter le traitement aux caractéristiques des cellules tumorales du patient.

Pour développer cette approche, une équipe de l'Institut de génétique humaine a mis au point un test biomarqueurs breveté1 qui identifie chez des patients atteints de myélome multiple ceux dont l'évolution de la maladie présente un haut risque et qui pourraient bénéficier d'un traitement par un inhibiteur d'EZH22. Un inhibiteur d'EZH2 est actuellement en essais cliniques de phase II pour le traitement du lymphome, un autre cancer hématologique. Cependant, il a été démontré que l'inhibition d’EZH2 réduit fortement la croissance de cellules du myélome multiple, ce qui peut constituer une valeur supplémentaire pour ces candidats inhibiteurs.

Les chercheurs ont observé une plus forte expression de l'enzyme EZH2 dans les cellules tumorales de myélome multiple comparativement aux plasmocytes normaux. Ils ont aussi montré que cette surexpression est associée à une évolution défavorable pour les patients concernés. Le test de biomarqueurs appliqué sur des cellules purifiées du patient est basé sur l'analyse des profils d'expression de 15 gènes. Il permet de prédire la sensibilité d'un patient aux inhibiteurs d'EZH2 et donc d'envisager un traitement personnalisé.

Cette voie apparaît d'autant plus intéressante que les chercheurs ont montré qu'il existait une synergie avec un traitement déjà utilisé dans le myélome multiple, basé sur des médicaments immunomodulateurs (Imid). L'association avec un inhibiteur d'EZH2 renforce l'effet des Imid sur leurs cibles. Par ailleurs, dans le cas de cellules résistantes aux Imid, l'utilisation de l'inhibiteur d'EZH2 peut resensibiliser les cellules au médicament immunomodulateur.

En 2015, la start-up Diag2Tec, issue des travaux académique de l'Institut de génétique humaine, a été créée pour proposer des prestations de service de développement de biomarqueurs pour l'industrie pharmaceutique. A terme, des tests prédictifs de la réponse aux traitements, dans le but de mieux définir les traitements des patients, seront développés.

 

1 Brevet EP16306436, en copropriété CNRS/CHU de Montpellier/Université de Montpellier, publié le 02/11/2016.

2 EZH2 est une enzyme qui joue un rôle dans la régulation de l'expression des gènes.

Contact :

Jérôme Moreaux / Institut de génétique humaine / jerome.moreaux@igh.cnrs.fr