CNRS La lettre innovation

Des milliers de start-up ont été créées en France, notamment sur les cinq dernières années. Cet élan est le signe d'un dynamisme de l'innovation. Mais comment identifier les start-up dont le projet est réellement prometteur ? De nombreuses informations sur les technologies, les marchés visés, les concurrents, les compétences réunies dans l'équipe, les investissements dans l'entreprise... sont disponibles en ligne. Collecter, trier et analyser ces masses de données est une lourde tâche que la start-up Skopai, fondée en juillet 2017, a réussi à accélérer. En effet, grâce à des outils d'intelligence artificielle développés au Laboratoire d'informatique de Grenoble¹, elle fournit à ses clients des analyses en profondeur permettant de qualifier les start-up. Des banques, mais aussi des grands groupes (pour leur propre activité d'investissement, leur R&D, leur service Achats), ou encore des ETI ou PME innovantes qui cherchent des partenaires, peuvent ainsi s'abonner à une plateforme qui leur envoie des analyses détaillées sur des jeunes entreprises dans les domaines qui les intéressent. De nombreux secteurs riches en start-up sont couverts : high-tech, fintech, medtech, énergie et matières premières, industrie 4.0.

« Nos outils sont fondés sur le traitement automatique de la langue et sur des techniques d'apprentissage automatique qui relèvent de l'intelligence artificielle », indique Eric Gaussier, directeur du Laboratoire d'informatique de Grenoble, co-fondateur² et conseiller scientifique de la start-up Skopai. Ces outils ont été couplés avec une méthodologie d'analyse du potentiel d'une start-up qui prend en compte de multiples critères : la technologie, les marchés visés, la position concurrentielle, les compétences de l'équipe, le business model de l'entreprise, les aspects réglementaires, etc. « Au total, une centaine de dimensions est ainsi balayée par nos outils d'analyse. Mais le résultat est présenté sous la forme d'un texte rédigé », indique Agnès Guerraz, directrice générale de Skopai.

La start-up et le Laboratoire d’Informatique de Grenoble ont mis en place un laboratoire commun dont le but est d'étudier les verrous scientifiques et technologiques rencontrés dans l’extraction et la qualification d’information à partir du Web. Un de ses buts est de développer des jeux de données sur lesquels différentes méthodes peuvent être testées et comparées par les chercheurs.

La plateforme de qualification de start-up de Skopai, accessible par abonnement, propose deux offres. La première livre une liste de start-up, avec une fiche descriptive pour chacune, remise à jour dynamiquement en fonction des informations collectées. La deuxième inclut 30 « crédits » pour avoir accès à une analyse en profondeur sur des start-up choisies. Après une phase de test sur une maquette de la plateforme, menée avec trois clients, une première version opérationnelle a été lancée en novembre 2017. Aujourd'hui, Skopai a une dizaine d'entreprises clientes (ce qui correspond en fait à une cinquantaine de comptes ouverts). La version 2 de la plateforme est annoncée pour l'été 2018, avec des améliorations en termes d'interface utilisateur, de navigation, mais aussi sur les techniques d'analyse. L'entreprise a démarré son activité sur la France, et commence à démarcher des futurs clients en Europe. 

¹ Laboratoire d'Informatique de Grenoble (CNRS/ Grenoble INP/Inria Grenoble Rhône-Alpes/Université Grenoble Alpes)

² Skopai a été fondée par Bruno Sportisse, président, Agnès Guerraz, directrice générale, et Eric Gaussier, conseiller scientifique