CNRS La lettre innovation

Chaque année, deux millions de femmes dans le monde sont diagnostiquées pour le cancer du sein et 40 % d’entre elles subissent une mastectomie. Mais à l’issue de l'intervention chirurgicale, seule une minorité choisit une reconstruction mammaire, par crainte de complications médicales ou de résultats esthétiques non satisfaisants. Pour répondre à cette attente, la start-up Healshape, créée en janvier 2020, développe des solutions innovantes de reconstruction mammaire qui s'appuient sur des technologies de bio-impression et d’ingénierie tissulaire avancée : le greffon est réalisé par des techniques d'impression 3D, à partir de cellules prélevées sur la patiente avant l'opération, puis cultivées et associées à une encre biologique.

Cette méthode est née d'une collaboration entre l’Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires¹ et la société LabSkin Creations². Les partenaires ont créé ensemble l'encre biologique brevetée³ qui permet la reconstruction par impression. Healshape détient une licence exclusive d'exploitation pour le domaine médical. « Au départ, la technologie a été conçue pour imprimer des substituts de la peau. Pour le projet de Healshape, il a fallu adapter le procédé à l'impression de volumes, et mettre au point la consolidation de l'encre biologique après impression, de manière compatible avec l'implantation dans le corps », indique Christophe Marquette, directeur de recherche CNRS à l’Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires, coordinateur de la plateforme 3d.FAB⁴, et co-fondateur de Healshape.

La start-up poursuit le développement dans deux directions complémentaires : la préparation d'essais in vivo (précliniques), et la mise au point d'un procédé d'impression stérile. Un programme de maturation est en cours, soutenu par la Satt Pulsalys. « Le développement d'un procédé stérile est un point clé, car jusqu'ici aucun greffon n'a été réalisé in vitro par impression 3D », souligne Sophie Brac de la Perrière, présidente et co-fondatrice de Healshape. Les premiers essais cliniques pourraient intervenir d'ici trois ans. La start-up prévoit de réaliser une levée de fonds en 2021.

¹ Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/Insa Lyon/ESCPEL)

² LabSkin Creations, spécialiste en ingénierie tissulaire avancée de la peau et du tissu adipeux, est issue du Laboratoire des substituts cutanés (Hospices Civils de Lyon)

³ Brevet « Procédé de fabrication de substituts corporels par dépôt additif », en copropriété LabSkin Creations/CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/Insa Lyon/ESCPEL, déposé le 29/12/2016 et étendu le 06/07.2017 (WO2017115056A1)

⁴ 3d.FAB est une plateforme technologique innovante (PTI) de recherche et de prestation en impression 3D pour les entreprises et les laboratoires académiques. La plateforme 3d.FAB est issue de l’Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/Insa Lyon/ESCPEL), du laboratoire de chimie de l’ENS (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1), et du laboratoire Mateis (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/Insa Lyon). Elle développe des projets d’impression 3D principalement dans le domaine de la santé.