Conférence des présidents - discours Catherine Bréchignac

Discours introductif de Catherine Bréchignac,
directeur général du CNRS

Chers Collégues, Chers amis, Bonjour,

Merci d’être venus nombreux pour participer á cette journée tournée vers " la recherche de demain ". Vincent Courtillot, directeur de la Recherche est ici parmi nous et je l’en remercie. Il représente le ministre et á ce titre prendra la parole pour clore la partie introductive de cette journée.

Il est une phrase de Jean Guehenno que j’aime particuliérement. Vous pouvez la lire rue Pierre Nicole inscrite sur l’immeuble où habita l’écrivain. Elle dit ceci " les peuples comme les hommes se mesurent á leurs rêves ". Quels sont nos rêves ? Nous, scientifiques nous en avons essentiellement deux. Celui d’enrichir la connaissance et celui d’améliorer les conditions de vie, et ce n’est pas un hasard si deux de nos derniéres médailles d’or reflétent ces deux aspects. Celle de Claude Cohen-Tannoudji pour ses recherches sur les atomes froids piégés dans la lumiére qui permettent d’atteindre les températures les plus basses de l’univers et celle de Pierre Potier pour ses résultats obtenus sur les médicaments antitumoraux. Je me souviens de son discours lors de la remise de sa médaille d’or où il souligna " quelle plus grande récompense pour un chercheur que de voir le fruit de ses recherches utile á la guérison de personnes atteintes de cancer ".

Il est donc naturel dans un monde en perpétuel changement, où les valeurs morales se cherchent, où l’on parle souvent d’éthique pour redéfinir de nouvelles régles de vie que la société se retourne vers nous scientifiques et nous demande que faites-vous ? Et notre ministre avec la brusquerie que nous lui connaissons tous, mais avec conviction nous dit " bouger " et il a raison. Encore faut-il bouger non pas chacun pour soi mais de maniére cohérente. Encore faut-il savoir où nous voulons aller. C’est le rôle du chercheur de savoir s’orienter.

Le CNRS est, entre autres choses, un outil de structuration pour la recherche française et un pôle de stabilité. Il doit savoir s’adapter et pour cela il est nécessaire de créer en profondeur une dynamique de changement dans l’organisme. Cette dynamique implique l’adhésion et la motivation des acteurs de la recherche, chercheurs, enseignants chercheurs, ITA (ingénieurs, techniciens, administratifs). La direction et les différentes instances (conseil d’administration, conseil scientifique et comité national) se doivent de travailler ensemble et non en opposition.

Le Comité national est sans doute, de par son histoire, une des piéces importantes du dispositif de recherche français. Pour la premiére fois, les présidents de section ont demandé la convocation d’une séance pléniére afin de lancer un débat sur la situation et l’organisation de la recherche en France, demande á laquelle j’adhére. Je vous remercie pour ce comportement de scientifiques responsables. Vous avez choisi quatre forums, il pourrait y en avoir d’autres mais travaillons avec ceux-ci :

L’évaluation

. Elle doit être intransigeante sur la qualité.
. Elle se doit d’être différenciée. Un chercheur ne peut pas être évalué de la même maniére si sa recherche est académique ou liée á la valorisation.
. Elle doit permettre l’épanouissement de nouvelles idées et non leur rejet, et en ce sens favoriser l’interdisciplinarité.
Le Comité national a déjá proposé des jumelages de sections et la direction a affiché prés de 10 % des postes ouverts aux concours aux interfaces.

Les acteurs

Les acteurs de la recherche publique sont les chercheurs, enseignants chercheurs, post-doc, thésards. J’ai exprimé clairement l’intérêt majeur que je porte aux jeunes. Une action en faveur des jeunes a été mise en place au CNRS. 40 millions de notre budget 1999 leur seront consacrés pour subventionner des projets novateurs. Cet effort se fait aussi dans les autres pays d’Europe.
L’association Max Planck a élaboré une action identique. Nous comptons, l’an prochain, les réaliser en commun. Que diriez-vous d’un rapprochement CNRS-Max Planck pour construire l’Europe scientifique ?
Concernant les seniors, la fluidité qui devrait exister entre chercheurs et enseignants chercheurs ne dépend pas uniquement du CNRS. 1/3 de nos postes sont mis en détachement pour les universitaires. Nous sommes prêts á une réciproque en commun.

Les structures

Le CNRS est l’organisme le plus ouvert en matiére de structure de recherche. Nous avons des laboratoires mixtes ou communs avec les entreprises et 85 % sont mixtes avec les universités. Il est bon de rappeler que le premier laboratoire associé date du 1er janvier 1967. Il le fut sous l’impulsion de Pierre Jacquinot, directeur général du CNRS á l’époque. Trente ans plus tard, la majorité des autres organismes n’ont pas encore de partenariat. Le CNRS fait toujours figure de pilote. J’aimerais saluer ici les bonnes relations que nous avons établies avec les universités. La Conférence des présidents (CPU) a joué un rôle trés positif et je n’aimerais pas que les rumeurs qui circulent actuellement détériorent ces relations.

Enfin, les relations avec nos partenaires socio-économiques

Le CNRS vient lá aussi de resserrer ces liens avec les entreprises, les grandes, mais aussi les PME-PMI. Il développe aussi avec sa filiale FIST une politique active de brevets. Il a créé une délégation aux entreprises et s’engage, trés souvent avec les universités, dans la mise en place " d’incubateurs " pour aider á la création d’entreprises á partir de la recherche.

Pour mener á bien tous ces travaux qui me tiennent á cœur concernant les jeunes, les relations avec les universités, les entreprises et les régions, nous avons besoin de débats et de réflexion collective. Cette réflexion doit être menée sereinement. Elle peut engendrer des avis contradictoires, c’est bien ainsi. Ne sommes-nous pas en démocratie ? J’attends de cette journée non pas une chartre á suivre mais des idées, des projets et une adhésion pour une structure ouverte et toujours en évolution. Une structure qui nous permette á la fois de penser le long terme et d’agir rapidement dans le court terme.

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