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Le Préhumain tchadien | ||||||||||||||
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L'Australopithèque de l'Ouest |
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Alors que l'Afrique de l'Est et celle du Sud semblaient avoir le monopole de l'antiquité humaine, une découverte faite au nord du Tchad indique que l'Australopithèque était présent à l'ouest de la Vallée du Rift. Si la région est aujourd'hui un désert elle était, il y a trois millions d'années, composée de paysages riants avec une faune et une flore riches. | |||||||||||||||
Au
Nord Tchad, dans l'erg dunaire du Djourab (Fig. 1), la Mission Paléoanthropologique
Franco-Tchadienne (MPFT) mettait au jour, le 23 janvier 1995, Abel le
premier Australopithèque connu à l'Ouest de la vallée du Rift (Fig. 2).
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La
faune associée (Poissons chats, Perches du Nil, Tortues, Serpents, Crocodiles,
Oiseaux, Éléphants, Hyènes, " Loutres " géantes, Chats sauvages,
Chevaux tridactyles, Rhinocéros, Hippopotames, Suidés, Antilopes, etc…)
permet de proposer un âge biochronologique compris entre 3,5 et 3 Ma.
Flore et faune indiquent une mosaïque de paysages allant de la forêt galerie à une savane arborée parsemée de prairie herbeuse. Connu par sa mâchoire inférieure (Fig. 3) et une prémolaire supérieure, Abel possède une association originale de caractères primitifs et dérivés qui ont conduit à le considérer comme le représentant d'une nouvelle espèce Australopithecus barhelghazali Brunet et al., 1996 (le préhomme de la rivière aux Gazelles). |
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Parmi
ses caractères les plus marquants il faut citer : une mâchoire inférieure
à corps trapu mais raccourcie à l'avant (Fig.4) avec une symphyse mandibulaire
sub-verticale (Fig. 5) ; des dents à émail épais ; une canine forte à
crête linguale mais à couronne très asymétrique (incisiforme) ; des prémolaires
inférieures à trois racines (Fig. 6) mais déjà très molarisées, la première
(P/3) bicuspide et la seconde (P/4) quadrangulaire sub-molariforme. Les
prémolaires supérieures sont également triradiculées.
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Symphyses
mandibulaires d'hominidés anciens (Fig. 5). a - Australopithecus anamensis - Holotype (KNM - P 29281, Kanapoi, Kenya) b - Australopithecus afarensis - Holotype (LH4, Laetoli, Tanzanie) c - Australopithecus afarensis - Lucy (AL 288-1, Afar, Ethiopie) d - Australopithecus africanus - (MLD 40, Makapansgat, Afrique du Sud) e - Australopithecus boisei - (Peninj 1, Tanzanie) f - Homo habilis - Paratype (OH13, Olduvai, Tanzanie) g - Australopithecus bahrelghazali - Holotype (KT12/H1, Koro Toro, Tchad) © Cnrs |
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Mandibule
d'Abel : tomographie scanner montrant les prémolaires triradiculées
(Fig. 6). ©
Cnrs
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Entre autres, par sa mâchoire déjà très raccourcie antérieurement et son arcade dentaire parabolique, Abel est plus dérivé que A. anamensis ou A. afarensis (Lucy) et peut, dans l'état actuel des connaissances, être considéré comme un bon candidat ancêtre, parmi d'autres (A. africanus, A. gahri), des premiers représentants du genre Homo. Depuis leur première découverte en Afrique du Sud (1925) jusqu'à la mise au jour d'Abel en 1995, les Australopithèques n'étaient connus qu'en Afrique australe et orientale. Cette distribution géographique singulière associée à l'absence de grands singes fossiles et au fait que les préhumains les plus anciens ne soient connus qu'à l'Est du Rift ont conduit à proposer un paléoscénario nommé East Side Story par Y. Coppens (1983). La découverte d'Abel à 2500 km à l'Ouest de la Rift Valley conduit à reconsidérer cette hypothèse et montre que très tôt, au moins dès 4 Ma, notre histoire a été panafricaine. Michel
Brunet,
Professeur |
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