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Extinction des espèces et crises d’extinction
Les grandes crises d’extinction

La datation des fossiles nous permet de connaître la durée de vie des espèces passées. Nous savons désormais que depuis l’apparition de la vie il y a 3,8 milliards d’années, la Terre a connu cinq grandes crises d’extinction d’espèces, suivies de phases d’expansion. Beaucoup de scientifiques considèrent que nous vivons aujourd’hui la sixième grande crise d’extinction et qu’elle est due à l’action de l’espèce humaine (Homo sapiens sapiens) sur son environnement.© Robert Barbault© Droits réservés Université Nancy I. Département Sciences de la Terre et de l'Univers.
Il est possible de calculer le nombre d’extinctions d’espèces en fonction du temps. Le chiffre obtenu – le taux d’extinction – est un indicateur de l’érosion de la biodiversité. Les extinctions importantes d’espèces ont plusieurs causes et il est aujourd’hui acquis que ces extinctions peuvent empirer du fait des phénomènes de co-extinction.
Lors des précédentes crises, la dynamique de l’évolution a toujours permis de compenser ces extinctions massives et d’accroître, après plusieurs dizaines de millions d’années, le nombre total de familles que compte la Terre. Ainsi, au final, la perte de diversité liée à une vaste extinction conduit à régression du vivant, mais seulement pour 10 à 15 millions d’années... Le temps nécessaire à la planète pour se réorganiser !
La plus grave de ces crises fut sans conteste celle de la fin de l’ère primaire, il y a 245 millions d’années : elle vit disparaître la quasi totalité des espèces marines dont les fameux trilobites et les foraminifères des fonds marins ainsi que les deux tiers des familles d’insectes et de vertébrés.
La plus connue de ces crises est survenue à la fin du Crétacé, marquant le début de l’ère tertiaire (il y a 65 millions d’années) avec l’extinction des dinosaures, des ammonites et de beaucoup d’autres espèces marines et terrestres ainsi que la grande élimination des mammifères sur Terre.© Droit réservés University of Bath, biodiversity lab.
Rédaction :
Renan Aufray, Manuelle Rovillé
Validation scientifique :
Robert Barbault (Directeur du département « écologie et gestion de la biodiversité » du Muséum national d’histoire naturelle) et Harold Levrel (cadre de recherche à l’Ifremer)
- Robert Barbault (2006) Un éléphant dans un jeu de quille. Editions du Seuil
- Schéma : Barbault R., (2000), Ecologie générale: structure et fonctionnement de la biosphère, 5ème édition, Paris, Dunod
- Cahier de l’IFB « Quels indicateurs pour la gestion de la biodiversité ? », Harold Levrel, 2007
- Dossier Sagascience sur l’évolution
Les extinctions d’aujourd’hui
Toute espèce a une durée de vie limitée qui est de l’ordre de 5 à 10 millions d’années. A partir de l’espérance de vie des espèces et de leur nombre, il est possible de calculer un taux d’extinction global. Celui-ci correspond à la proportion d’espèces qui disparaît pendant un intervalle de temps donné. Il est principalement lié, dans un contexte « naturel », au nombre d’individus : plus le nombre d’individus au sein d’une espèce est faible, plus les risques de disparition de cette dernière sont importants car elle a peu de chances de s’adapter aux changements environnementaux. Au cours des 65 derniers millions d’années, le taux d’extinction moyen a tourné autour d’une extinction par an pour un million d’espèces. Aujourd’hui, ce taux serait entre « 50 et 560 fois supérieur au taux d’extinction attendu pour une biodiversité stable » mais beaucoup affirment que ce taux serait en fait 100 fois plus important et qu’il continue d’augmenter. Ce qui laisse à penser que nous allons vers une sixième crise d’extinction, d’autant plus qu’on sait que l’extinction d’espèces peut en entraîner bien d’autres en cascade.© DR
Pour évaluer les taux d’extinction actuels, on utilise des modèles dans lesquels sont représentées les forces qui influent sur cette biodiversité. Ils tendent à montrer que la richesse du nombre d’espèces (dite richesse spécifique) va s’effondrer dans les années à venir. Le rapport du Millennium Ecosystem Assessment (2005) (groupe de scientifiques internationaux), évoque la disparition de 12% des oiseaux, 25% des mammifères et 32% des amphibiens d’ici à 2100. Et il ajoute que 20% des récifs coralliens et 35% des superficies de mangroves ont récemment disparu. Selon d’autres études, les deux tiers de l’ensemble des espèces vivant sur Terre risquent de s’éteindre d’ici 100 ans simplement sous l’effet de la destruction de leurs habitats. Si l’on ajoute les récents travaux concernant l’extinction possible de 15% à 37% des espèces de la planète d’ici 2050 sous l’effet du réchauffement climatique, il est possible d’affirmer, même si ces études donnent encore lieu à des discussions, que l’on se trouve dans une période d’extinction massive. Et c’est pourquoi, depuis une quinzaine d’années, des objectifs de protection des espèces et de leurs habitats ont été adoptés à différentes échelles.© IRD Photothèque / Chabanet, Pascale
Rédaction :
Renan Aufray, Manuelle Rovillé
Validation scientifique :
Robert Barbault (Directeur du département « écologie et gestion de la biodiversité » du Muséum national d’histoire naturelle) et Harold Levrel (cadre de recherche à l’Ifremer)
- Rapport du Millennium Ecosystem Assessment (2005)
- Raven P.H., (2002), « Science, Sustainability, and the Human Prospect », Science, vol.297, pp.954-968.
- Teyssèdre A., (2004), « Vers une sixième grande crise d’extinctions ? », in Barbault R. et Chevassus-au-Louis B., (eds.), Biodiversité et changements globaux. Enjeux de société et défis pour la recherche, édition adpf, pp.24-36.
- Thomas C.D. et al. (2004), « Extinction risk from climate change », Nature, n°427, 8 January 2004, pp.145-148.
- Cahier de l’IFB « Quels indicateurs pour la gestion de la biodiversité ? », Harold Levrel, 2007