La compréhension du mot « biodiversité » par les citoyens




Le terme « biodiversité » est globalement assez mal compris par les citoyens.
Bien que la majorité des citoyens européens ait déjà entendu parlé du terme biodiversité, seulement 35% d’entre eux savent ce que ce mot signifie. Il faut reconnaître que c’est en effet un concept complexe.
Pour cette raison, les médias ne relaient l’information qu’à propos d’espèces à forte valeur emblématique et affective : baleines, pandas, tigres…
De plus, les médias, par une approche de la biodiversité quasi exclusivement quantitative, masquent involontairement de nombreux autres aspects. Ils parlent principalement de :
- quantité d’espèces connues : espèces que les scientifiques ont nommées (ce qui ne signifie pas que l’on connaît pour autant leur rôle, leur fonctionnement, comment les protéger…) ;
- quantité d’espèces qui disparaissent ;
- conservation des espèces : où sont les réservoirs de biodiversité (nommés hot spots), qui renferment le plus d’espèces endémiques et menacées ?
En ne parlant que de chiffres et d’espèces emblématiques, les médias peuvent donner au public une impression curieuse, à la fois :
- d’éloignement : « les baleines, les pandas (etc.) ne sont pas les espèces que l’on côtoie, ça ne nous concerne pas vraiment »
- de simplification : « les pandas, les tigres disparaissent, et alors ? il existe bien d’autres espèces ! »
- de désordre donc d’incompréhension par le citoyen « les chiffres vont dans tous les sens, cette question de la biodiversité est bien trop compliquée, laissons tomber »…
Et ils ne soulignent pas suffisamment ce qui est fondamental dans la diversité du vivant, et qui échappe au public :
- les relations qui existent entre tous les organismes vivants !
- et le fait que, tous issus de la même origine, donc parents, nous sommes pourtant tous différents et singuliers.
Cette impression de désordre et d’éloignement est bien sûr injustifiée. Il existe beaucoup d’ordre et des relations bien organisées entre les espèces et avec leurs milieux naturels : liens de parenté plus ou moins évidents, fortes interdépendances (chaîne alimentaire, parasitisme, symbiose, prédation, compétition, coopération, etc.), etc. Et ces fortes relations expliquent que la perturbation d’espèces, y compris les espèces emblématiques, va se répercuter sur l’ensemble du milieu dans lequel elles vivent.
Il est donc important de ne pas expliquer la biodiversité seulement en termes quantitatifs ou emblématiques, mais de bien souligner les fortes interrelations entre les espèces et avec leur milieu (ordre de parenté, relations entre organismes et organismes-milieux…).
Rédaction :
Manuelle Rovillé
Validation scientifique :
Robert Barbault (Directeur du département « écologie et gestion de la biodiversité » du Muséum national d’histoire naturelle)
Sources de l'article
- Conférence de Robert Barbault (Directeur du département « écologie et gestion de la biodiversité » du Muséum national d’histoire naturelle)
- Dossier de presse Conférence internationale « Biodiversité : Science et gouvernance » de janvier 2005
- Site Eurobaromètre 2007