imprimer

Différentes espèces, différentes toxines, différentes utilisations !

Utilisation des toxines à des fins thérapeutiques ou de recherche

Serpent tigre d'Australie Notechis scutatus, vivant sur l'île de Carnac dans le sud-ouest australien.
© CNRS Photothèque  /  BONNET Xavier
Gastéropode, Conus. Photographie réalisée de nuit par 6 m de fond.
© IRD Photothèque  / Laboute, Pierre
Scorpion à queue jaune Euscorpius flavicaudis (France)
© P. HAFFNER - MNHN
Photographie au microscope de Clostridium botulinumdiaporama
© Public Health Image Library
© O. BORDERIE - M.N.H.N.

Depuis près de 40 ans, les chercheurs étudient l'action des toxines contenues dans les venins de serpents sur les sites moléculaires. Elles sont aussi à l'origine de molécules thérapeutiques qui agissent sur les systèmes cardiovasculaire et sanguin (propriétés de type anti-hémorragique) et sur le traitement de certains cancers (études en cours). Le venin de crotale est par exemple préconisé pour traiter l'épilepsie et certaines tumeurs malignes, et recommandé pour son action analgésique.

Les toxines des venins de cônes (mollusques marins), nommées conotoxines, font l'objet d'études pour des traitements analgésiques (soulagement de la douleur), d'épilepsies ou la récupération de nerfs endommagés. La toxine ziconotide de C. malus a permis par exemple la synthèse du Prialt®, utilisé pour le traitement de douleurs intenses chroniques et 2000 fois plus actif que la morphine, sans les effets de dépendance physique.

Les toxines de venins de scorpions agissent sur des récepteurs du système nerveux et la régulation des fonctions cellulaires et présentent une richesse, pour l'heure peu exploitée, de molécules thérapeutiques et de pistes scientifiques.

Les toxines de venins des araignées développent une haute affinité pour des récepteurs du système nerveux. Elles sont principalement utilisées pour les traitements contre la douleur (analgésiques) et recèlent encore des richesses inexploitées.

Les toxines provenant des microorganismes (bactéries, micro-algues, micro-champignons) sont exploitables dans le domaine médical, agricole (pesticides) et cosmétique. La toxine botulique sécrétée par la bactérie Clostridium botulinum est par exemple connue depuis bientôt 30 ans pour le traitement du strabisme et des spasmes de paupières, mais également pour ses propriétés cosmétiques (pour son usage anti-ride). L'espèce bactérienne Bacillus thuringiensis produit des toxines " anti-insectes ", attaquant les larves des lépidoptères (les chenilles). Ces toxines recouvrent presque 90% du marché des bio-insecticides. Les récents progrès en bactériologie promettent la découverte de nouvelles toxines, intéressantes pour l'élaboration de vaccins et l'étude des cellules. Peut-être pourrons-nous également identifier leur rôle dans certaines maladies infectieuses ?

Les toxines des plantes ont des actions thérapeutiques variées : tonicardiaques, antitumorales, antipaludiques, anesthésiques ou analgésiques… Elles fournissent aussi à la biologie des outils d'étude des mécanismes d'action, comme l'illustre la forskoline de Coleus forskolii, toxine responsable de l'activité hypotensive. De plus, quelques toxines végétales servent à la conception d'herbicides, d'insecticides ou d'antifongiques. Ainsi, le lilas de Perse ou neem (Azadirachta indica) contient dans ses graines une toxine, l'azadirachtine, à activité anti-appétente et inhibitrice de croissance pour les insectes. L'huile de ces graines est utilisée depuis des siècles pour protéger les stocks de céréales contre les attaques d'insectes. Cet insecticide non toxique pour l'homme est désormais exploité au niveau industriel pour la protection des champs de tabac, de coton…

Rédaction :

Manuelle Rovillé

Validation scientifique :

André Ménez (Ancien Président du Muséum national d’histoire naturelle)

Sources de l'article

  • Biofutur « des venins aux médicaments », N° 280, septembre 07,
  • Biofutur « les toxines », N° 272, décembre 2006

logo cnrs logo frb