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Des plantes pour lutter contre le paludisme

Tête d'Anophèle sundaicus mâle. L'agent du paludisme est transmis par les moustiques femelles du genre anophèle.
© IRD Photothèque  / Dukhan, Michel

C'est le parasite du genre Plasmodium qui est responsable du paludisme (ou malaria), véritable fléau. Cette maladie est transmise à l'homme par les moustiques Anophèles (espèce vectrice). Actuellement 40% de la population mondiale y est exposée soit 2,6 milliards de personnes. De 400 à 600 millions de personnes par an (données 2005) sont touchées et plus de 3 millions meurent chaque année, principalement en Afrique.

Efficacement endigué pendant des années, le paludisme est en pleine expansion depuis les années 1980, car le parasite développe des résistances aux médicaments classiques de synthèse.

La quinine, remède roi

Quinquina à la station d'essais du mont Tonkoui, près de Man. (Côte d'Ivoire) Historiquement, les plantes ont joué un rôle déterminant dans la lutte contre le paludisme. Ce sont en effet les quinquinas, arbres d'origine sud-américaine dont les écorces ont été rapportées en Europe par les jésuites suite à la conquête espagnole, qui, dès le 17e siècle, ont constitué le premier traitement efficace contre la maladie, sous le nom de " poudre des jésuites ". © IRD Photothèque  / Boulvert, Yves

A l'heure actuelle, leur principe actif, la quinine, composé aromatique amer, isolée en 1820 par deux pharmaciens français, Pelletier et Caventou, reste pratiquement la seule efficace en cas d'accès sévère. En effet, la plupart des souches de Plasmodium, parasites responsables de cette affection, sont devenues résistantes aux antipaludiques de synthèse, développés sur le modèle de la quinine essentiellement entre 1930 et 1970. C'est pourquoi la recherche de nouveaux traitements est actuellement une priorité de santé publique à l'échelle mondiale.

L'Artemisia annua, à l'origine de nouveaux médicaments

Gravure d'Artemisia annua

Une plante chinoise, Artemisia annua ou qing-hao , utilisée localement comme fébrifuge (anti-fièvre) et antimalarique depuis des temps très anciens, a permis en 1972 à des chercheurs de Shanghai d'isoler et d'établir la structure d'une nouvelle substance active, l'artémisinine ou qing-hao su. Sélectivement toxique pour les Plasmodium, elle s'est révélée assez délicate à employer en clinique car elle est difficilement soluble dans l'eau comme dans l'huile. Par contre, elle donne facilement naissance, par des transformations chimiques simples, à divers analogues d'emploi aisé et sûr, comme l'artéméther, l'artééther ou l'artésunate.
L'artémisinine et ses dérivés n'ont pas, à ce jour, induit de résistances chez les Plasmodium. Ils sont donc largement employés pour traiter le paludisme, principalement dans le Sud-Est asiatique et en Afrique. Désormais, l'Artemisia annua est largement cultivée, principalement en Chine et au Vietnam.

Cependant, les rendements d'extraction en artémisinine ne sont satisfaisants que lorsque cette plante est cultivée dans les conditions de sol et de climat des hauts-plateaux chinois et vietnamiens. La capacité actuelle de production est de 5 à 6 tonnes par an alors que la quantité nécessaire pour traiter les 400 à 600 millions de cas de paludisme recensés chaque année serait de l'ordre de 300 tonnes.
Des chercheurs français ont mis en évidence le mécanisme d'action de l'artémisinine, expliquant comment cette molécule peut tuer le parasite, ce qui ouvre la voie à la synthèse de nouveaux médicaments antipaludiques efficaces.

Des éponges marines contre le paludisme

D'autres substances comme les phloéodictines extraites des éponges de Nouvelle-Calédonie et les trioxaquines, molécules de synthèse représentent également un espoir de vaincre, à terme, cette maladie.

 

Rédaction :

Manuelle Rovillé

Validation scientifique :

Serge Morand (Directeur de recherche à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier – Université Montpellier 2)

Sources de l'article


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