Il existe enfin une dernière
source de couleurs plus difficiles à cataloguer. C’est
celles des solutions métalliques colloïdales,
ou plus précisément celles produites par de
très petites inclusions métalliques dispersées
dans une matrice diélectrique. Bien qu’il n’y
ait ici aucun pigment au sens conventionnel du terme, le phénomène
physique, d’un strict point de vue optique, est identique :
il y a absorption d’une partie du spectre visible, et
les couleurs ainsi produites sont soustractives. Le phénomène
physique – l’absorption par un plasmon de surface
– est cependant très différent.
Un plasmon est une oscillation collective de charges électriques
sous l’effet d’une onde électromagnétique.
Il apparaît donc dans les plasmas gazeux mais également
dans les métaux à électrons libres, notamment
les métaux nobles comme l'argent, l'or et le cuivre.
Si les électrons du métal sont confinés
entre les deux faces d’une couche mince ou dans une
inclusion, une fréquence de résonance ou mode
apparaît, qui entraîne une très forte absorption
de l’onde. Cette fréquence dépend de la
taille et de la forme de l’inclusion. Si elle se situe
dans le spectre visible, elle produira une couleur par absorption
analogue à celle d'un pigment.
Ce phénomène de plasmons de surface a été utilisé dans des verres dopés à l'or et à l'argent dès l'époque romaine. La coupe de Lycurgus (IVe siècle après J-C), conservée au British Museum en est la meilleure illustration. En réflexion elle apparaît d'un rouge profond, tandis que lorsqu'elle est éclairée par l'arrière elle apparaît verte en transmission.
Jacques Lafait et Serge Berthier
Institut des NanoSciences de Paris |