Marée
verte en baie de Lannion
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En France, les phosphates
rejetés dans lenvironnement proviennent, à parts
sensiblement égales, de sources agricoles (engrais) et industrielles,
de déjections humaines et de détergents ou lessives
phosphatées. En Europe de lOuest, la pollution ponctuelle
par les phosphates est estimée à 3,5 grammes par habitant
et par jour : 1,2 gramme provient des excréments humains,
et le reste surtout des détergents. En matière de
pollution diffuse, on estime que 0,5 à 2,5 % du phosphore
des engrais utilisés est entraîné par leau,
lors du lessivage des sols cultivés par les eaux de pluie
et de drainage.
Les phosphates sont les principaux responsables, en France et dans
le monde, des phénomènes deutrophisation
(voir le chapitre Écosystèmes
aquatiques continentaux) et de dystrophisation. En effet, non
toxiques en eux-mêmes pour la vie animale et végétale,
ils portent atteinte à lenvironnement dès lors
quils sont en fortes concentrations : ils deviennent alors
de véritables engrais pour les milieux aquatiques quils
contribuent à enrichir exagérément en matière
organique.
Les phosphates ont la propriété de neutraliser laction
du calcaire. Ils sont donc rajoutés aux détergents
pour adoucir leau et obtenir ainsi un meilleur lavage. Mais
leur utilisation fait lobjet depuis quelques années
dune polémique entre producteurs de lessives et protecteurs
de lenvironnement. Pour ne pas contaminer les milieux aquatiques,
une solution efficace existe qui consisterait à déphosphater
les eaux usées dans les stations dépuration,
mais elle est très coûteuse. Quant à trouver
une substance de remplacement, rien de moins facile. La Suisse par
exemple a interdit en 1986 lemploi des phosphates dans les
lessives, une mesure qui a permis de diminuer leutrophisation
du lac Léman très atteint depuis les années
1950. Elle a recours depuis lors à un produit de substitution
efficace, le nitrilotriacétate, déjà utilisé
depuis plus de 20 ans au Canada. Ce produit se dégrade vite
et bien, mais il a le défaut dentraîner la libération
des métaux lourds fixés dans les sédiments,
et ses effets à long terme sont mal connus. Il est encore
interdit en France. Dautres pays utilisent dautres produits
de substitution, comme les zéolithes commercialisées
en 1989 : bien que non biodégradables,
ces composés n'ont pas deffet nocif connu.
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