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L'eau a un coût,
car il faut la prélever, la traiter, la distribuer, la stocker,
l'évacuer et l'assainir. Le financement du secteur de l'eau
repose en France sur deux grands principes :
- "L'eau paie l'eau" : les usagers supportent, par leurs factures d'eau, l'essentiel
des dépenses liées à la gestion de l'eau
qu'ils consomment ; le budget des communes, pour les services
de l'eau et de l'assainissement, doit être autonome, les
recettes équilibrant les dépenses.
- "Le pollueur
ou le consommateur paie", essentiellement via les redevances
pollution ou prélèvement qu'il verse aux Agences
de l'eau.
Le prix de l'eau en France
comprend quatre grandes composantes, qui se répartissent
autour des proportions moyennes suivantes :
- distribution de l'eau
d'alimentation : 43 %
- collecte et assainissement
(dépollution) des eaux usées : 31 %
- redevances "péréquation
et solidarité" (*) : 20,5 %
- TVA : 5,5 %
* Ces redevances recouvrent : les redevances pollution et prélèvement
des Agences de l'eau (19 %), la redevance versée au "Fonds
national des adductions d'eau" (1 %), qui assure une péréquation
nationale au profit des zones rurales, et la redevance versée
aux "Voies navigables de France" (0,5 %), lorsque l'eau
est prélevée dans les cours d'eau navigables.
Le prix de l'eau a fortement
augmenté entre 1990 et 1994 : en moyenne, de près
de 10 % par an. Toutefois ce rythme d'augmentation semble s'être
ralenti depuis 1995 : +6,4 % en 1995, +3,5 % en 1996 et +2,2 % en
1997 (source : Syndicat Professionnel des Distributeurs d'Eau).
Deux raisons principales expliquent cette hausse : d'une part, le
renforcement des normes de qualité européennes qui,
avec la dégradation des ressources, impose une rénovation
des unités de traitement et des réseaux de distribution;
d'autre part, les grands programmes de développement de l'assainissement
des eaux usées en cours, pour répondre aux impératifs
de la directive européenne du 21 mai 1991 : obligation aux
communes de plus de 15 000 habitants d'être raccordées
à une station d'épuration avant 2001, et aux communes
de plus de 2 000 habitants d'ici à 2006.
L'eau du robinet coûte rarement plus de 2 centimes (de franc…)
le litre. Fin 1996, le prix moyen de l'eau était en France
d'environ 16 francs (2,43 euros environ) le mètre cube, et
de 17 francs (2,59 euros environ) environ fin 1999. On estime qu'en
moyenne, la facture d'eau d'un ménage représente la
moitié de sa facture de téléphone, un cinquième
de ses dépenses automobiles, et 1 % de ses dépenses
totales.
Le prix de l'eau en France se situe dans la moyenne des pays européens.
L'Hexagone arrive ainsi au quatrième rang derrière
l'Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas. Les prix inférieurs
pratiqués dans les pays du Sud de l'Europe traduisent un
retard des investissements, notamment en matière d'assainissement.
Cependant, le prix de l'eau varie considérablement d'une
commune à l'autre : de quelques francs à 40 francs
(un peu plus de 6 euros) le mètre cube. Ces variations reflètent
des différences dans la qualité et la proximité
de la ressource en eau, la vétusté et la taille des
équipements, la densité de la population, ainsi que
dans les charges financières des communes (remboursements
d'emprunts, amortissements...). L'eau coûte d'autant plus
cher que les lieux de prélèvement et de consommation
sont éloignés les uns des autres, que des traitements
sophistiqués sont nécessaires pour la rendre potable,
ou que l'habitat desservi est dispersé, notamment en zone
rurale. Les variations du prix de l'eau s'expliquent aussi par les
récents travaux d'assainissement dans certaines communes,
qui demandent un financement important.
Pour développer l'information sur le prix de l'eau, un Observatoire
de l'eau a été créé en 1996. Chaque
maire doit désormais publier un rapport annuel sur le prix
et la qualité des services de l'eau de sa commune. Depuis
1998, la présentation des factures d'eau est clarifiée.
Enfin, plusieurs articles de lois sont venus renforcer le principe
selon lequel "l'eau ne doit financer que l'eau". À
terme, il est idéalement prévu que chaque catégorie
de consommateurs d'eau (ménages, industrie, agriculture)
finance entièrement ses propres usages de la ressource en
eau.

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