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Aujourd'hui, un tiers
de l'humanité vit dans une situation dite de « stress
hydrique », avec moins de 1700 mètres cubes d'eau
douce disponibles par habitant et par an. L'eau douce est
donc une denrée rare.
Pourtant, à l'échelle de la planète, elle
semble ne pas manquer : environ 40 000 kilomètres
cubes d'eau douce s'écoulent chaque année sur les
terres émergées,
lesquels, partagés entre les 6 milliards d'individus vivant
sur Terre, devraient fournir 6 600 mètres cubes d'eau douce
à chacun. Mais si ces réserves sont globalement suffisantes
pour répondre à l’ensemble des besoins, elles
sont réparties de façon très inégale
à la surface du globe (voir le chapitre Cycle
de l’eau et réservoirs). Alors que certains pays
ont la chance de posséder d’énormes réserves
qui se renouvellent chaque année, leur permettant de
vivre dans l’opulence, d’autres n’ont pas
d’eau
en suffisance et connaissent des difficultés d’approvisionnement
extrêmement fortes. Ceux des régions arides notamment
en manquent de façon âpre. Et cette situation n’est
pas en passe de s’améliorer. Neuf pays seulement
se partagent 60 % des réserves mondiales d’eau
douce :
le Brésil, la Russie, les États-Unis, le Canada,
la Chine, l’Indonésie, l’Inde, la Colombie
et le Pérou.
À cela s’ajoute le fait que la répartition de
la population est elle aussi très hétérogène
ce qui augmente encore parfois les disparités.
D’un pays à l’autre, les situations peuvent donc
être très dissemblables. Ainsi, par exemple, entre
la bande de Gaza, en Palestine, très pauvre en eau douce
(59 mètres cubes par habitant et par an), et l'Islande, où
la ressource est pléthorique (630 000 mètres cubes
par habitant et par an), le rapport est de un à dix mille.
De plus, tandis que l'Asie, qui concentre près de 60 % de
la population mondiale, ne dispose que de 30 % des ressources mondiales
disponibles en eau douce, l'Amazonie, qui ne compte que 0,3 % de
la population du globe, possède 15 % de ces ressources. Le
manque d'eau est structurel dans le vaste triangle qui s'étend
de la Tunisie au Soudan et au Pakistan, c’est–à-dire
dans plus de 20 pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient : chaque
habitant y dispose en moyenne de moins de 1 000 mètres cubes
d'eau douce par an, une situation dite de « pénurie
chronique ».
Il n’est pas rare également que des déséquilibres
apparaissent au sein d'un même pays. Ils peuvent même
concerner parfois des régions peu sèches du monde.
La Californie par exemple ne dispose plus d'assez d'eau douce pour
couvrir ses besoins. En Espagne, la région de Barcelone est
proche du déséquilibre et devra résoudre son
problème d'approvisionnement en eau d'ici à 10 ans.
En terme de prévision, il semble désormais acquis
que le réchauffement climatique en cours va encore accentuer
ces inégalités. C’est du moins ce que prédisent
tous les experts (voir le chapitre Dégradations).

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