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Si tout le monde s'accorde
à juger qu'un changement de politique global est impératif,
les solutions proposées ne font pas l'unanimité, comme
cela est très largement apparu lors du deuxième Forum
mondial de l’eau, en mars 2000 à La Haye, où
deux conceptions se sont affrontées.
Aujourd’hui, la principale inquiétude porte sur les
pays en développement. Dans ces pays, les réseaux
de production et de distribution de l’eau répondent
rarement aux normes de potabilité, quand ils existent. Selon
le Conseil mondial de l'eau, une organisation non gouvernementale
soutenue par l'Unesco et la Banque mondiale, qui organisait ce forum,
si rien n’est fait, la démographie de ces pays et surtout
des pays du Sud va entraîner de très graves problèmes
d'approvisionnement en eau potable
D'énormes investissements seront donc nécessaires
pour moderniser l’existant et créer de nouveaux équipements
(usines de production, réseaux de distribution, stations
d’assainissement), mais aussi pour développer de nouveaux
systèmes d'irrigation. Ces investissements ont été
évalués par le Conseil mondial de l'eau à 180
milliards de dollars par an pour les 25 prochaines années,
contre 75 milliards de dollars actuellement investis chaque année.
Face aux difficultés que connaissent déjà les
pays en développement, le Conseil de l'eau recommande fortement
de faire appel aux investisseurs privés, lesquels ne gèrent
aujourd'hui que 5 % des ressources mondiales. Pour les membres de
ce Conseil, l'eau est un bien comme un autre, une denrée
qui doit être gérée de façon efficace.
Ils préconisent donc de confier son exploitation aux compagnies
privées, et de lui attribuer un prix, évalué
sur la base de son coût total (production, distribution, assainissement)
et dans le cadre de la libre concurrence et du libre commerce à
l'échelle internationale, un prix qui serait directement
répercuté sur les consommateurs.
Mais les Organisations non gouvernementales (ONG) ont vivement critiqué
cette façon de voir, où l'État jouerait un
rôle de « simple régulateur », rétorquant
qu'une telle privatisation se ferait toujours au détriment
des populations les plus pauvres de la planète, n’assurerait
pas forcément une plus grande efficacité, mais serait
en revanche susceptible de favoriser la corruption, réfutant
en cela certaines affirmations. Elles ont réaffirmé
jusqu’à la fin leur conviction selon laquelle l'eau
est un « droit fondamental » pour tous. Plus que le
mode de gestion, c’est la question de la fixation du prix
de l'eau qui est au cœur du problème. Beaucoup d’ONG
pensent qu’effectivement le prix de l'eau devra couvrir les
frais de traitement, de distribution et de dépollution, mais
refusent qu’il soit fixé par le marché. Cependant,
même dans ces conditions, payer l'eau restera hors de portée
des populations les plus pauvres.
Le défi majeur du XXIe siècle en matière d’eau
sera donc vraiment d'assurer la rentabilité de la gestion
de l'eau, tout en garantissant aux plus pauvres le droit d’accéder
à cette ressource vitale.
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