Boiser
ou reboiser les rives des cours d'eau permet den consolider
les berges, de préserver la biodiversité de leur faune
et de leur flore et de les protéger de la pollution diffuse.
Surveillance
de l'humidité des sols, ici autour du canal du Midi
|
Vouloir diminuer la consommation
ne suffit pas. Le bon fonctionnement des écosystèmes
aquatiques (voir le chapitre Écosystèmes
aquatiques continentaux) doit également être préservé.
Il apparaît clairement aujourdhui que la gestion des
hydrosystèmes fluviaux et lacustres doit tenir compte des
multiples usages (ressources hydriques, énergétiques
et piscicoles) et fonctions (transport fluvial, loisir). Elle doit
aussi être pensée de façon globale, à
léchelle des bassins
hydrographiques, et dans une perspective de long terme,
que cela concerne le stockage de leau pour sa consommation,
la lutte contre les crues, la production délectricité
ou le contrôle des prélèvements. Enfin, la simple
gestion hydraulique des cours deau doit aujourdhui céder
la place à une gestion réellement écologique
de ces milieux et de lespace rural duquel ils participent,
cest-à-dire à une gestion qui prenne en compte
toutes leurs composantes : leau, les organismes qui y vivent
et leurs habitats. Cest le sens de la directive 2000/60/CE
du Parlement européen établissant un cadre pour une
politique communautaire dans le domaine de leau. Elle incite
les Etats membres à protéger, restaurer et améliorer
les masses deau de surface afin de parvenir à un bon
état (sous entendu chimique et écologique) au plus
tard quinze ans après lentrée en vigueur de
la directive.
En premier lieu, lexistence même des milieux aquatiques
doit être préservée. Pour éviter tout
risque dépuisement, lutilisation de la ressource
eau doit être planifiée : il sagit didentifier
et dévaluer les besoins des divers usagers, de cerner
les capacités de renouvellement des réservoirs, et
de diversifier et réglementer les prélèvements.
Un couvert végétal suffisant doit également
être maintenu en milieu rural, afin d'éviter le dessèchement
des terrains et de freiner ainsi le ruissellement de leau
et l'érosion des sols. Boiser ou reboiser les rives des cours
d'eau permet den consolider les berges, de préserver
la biodiversité de leur faune et de leur flore et de les
protéger de la pollution diffuse : intercalées entre
les cours d'eau et les parcelles cultivées, ces zones boisées
éliminent en effet naturellement les nitrates issus de ces
parcelles, ceux-ci étant absorbés par les végétaux
et par certaines bactéries vivant dans les sols gorgés
d'eau. Les zones humides, dont la surface diminue constamment par
suite du drainage et de la mise en culture des terres, doivent également
être préservées, car elles sont des lieux privilégiés
de développement pour la flore et la faune alluviales et
fluviales ; elles jouent en outre un rôle essentiel dans le
stockage des eaux en crue.
Enfin, toute action visant à modifier le fonctionnement naturel
des grands systèmes hydriques doit être lobjet
de la plus grande attention. Il devient en effet urgent aujourdhui
dopposer aux avantages longtemps mis en avant pour légitimer
certains grands aménagements hydrauliques, leurs impacts
écologiques à long terme parfois catastrophiques (voir
le chapitre Dégradations).
Cest le cas notamment des grands barrages. Certaines mesures
sont prises dans les pays industrialisés comme le maintien
dun débit deau minimal tout au long de lannée
ou encore laménagement de " passes " à
poissons afin de permettre aux poissons migrateurs qui ont totalement
déserté certains grands fleuves de sy établir
à nouveau.
Chaque fois que cest possible, le recours à des solutions
alternatives doit être favorisé. Ainsi, il nest
pas toujours besoin de recourir à dimmenses barrages
pour stocker leau. La construction de retenues dites collinaires,
petits barrages en terre de faible hauteur établis en amont
de vallées peu encaissées, peut être parfois
suffisante. Outre de stocker leau, ces retenues peuvent en
effet aider à lutter contre le ruissellement et l'érosion
des sols.
En Inde par exemple, les eaux de ruissellement sont détournées
et amenées sur des parcelles agricoles ; celles qui ne sinfiltrent
pas sont récupérées en aval dans des petits
barrages ; en été, ceux-ci sont asséchés,
et les limons recueillis par curage épandus sur les champs.
D'autres solutions existent, comme le stockage de l'eau dans des
cavités karstiques
naturelles. Ce stockage souterrain de l'excédent d'eau, notamment
hivernal, dans de profonds réservoirs aquifères
a déjà prouvé son efficacité. Il présente
de nombreux avantages : il ne détourne pas l'eau de son bassin
naturel, il réduit au minimum l'évaporation, très
forte dans les réservoirs de surface, et il permet de mieux
répartir les flux tout au long de l'année, palliant
en cela les pénuries estivales. Ainsi, à Londres,
une part du flux hivernal des fleuves est mise en réserve
dans les roches aquifères crayeuses sur lesquelles repose
la ville, une mesure qui a par ailleurs inversé la tendance
à l'abaissement de la nappe
phréatique. En Arizona, où tout le quota d'eau du
Colorado n'est pas utilisé, l'excédent est également
stocké de la même façon.
De même, les grands
barrages et lendiguement des cours deau pour lutter
contre les crues ne semblent plus une panacée pour les experts.
Ceux-ci préconisent aujourdhui des aménagements
plus légers et plus diversifiés (petites digues, petites
retenues, création daires de stockage des eaux en crue,
réhabilitation des zones humides, reboisement, limitation
de lurbanisation des zones inondables
), qui seraient
répartis sur lensemble du bassin
versant en des lieux finement choisis, et associés
à des pratiques agricoles minimisant le ruissellement.
|