 |
 |
"Avant
je rasais les murs ! ", s’exclame Laurence Agro,
non-voyante. Télétact en main, elle progresse dorénavant
dans la rue avec une facilité déconcertante. Son
boîtier, format télécommande de téléviseur,
développé par René Farcy, du laboratoire
Aimé Cotton (UPR 3321), et Yacine Bellik, du Limsi (LPR-CNRS 32-51) à Orsay
(université Paris-Sud), permet en effet de détecter
les obstacles. Il suffit de balayer l’horizon. Dès
que le boîtier pointe un obstacle, son éloignement
est instantanément mesuré grâce à un
rayon laser.
Simple gadget? Qu’apporte-t-il de plus que la traditionnelle canne
blanche?
"La canne ordinaire, promenée
sur le sol, permet d’éviter les murs, de deviner l’imminence
d’un
trottoir ou d’un trou dans la chaussée, répond Yacine
Bellik. Mais elle est dangereuse face à un camion, surélevé sur
ses roues, tout simplement parce qu’elle passe en dessous sans
encombre ! ", observe le chercheur.
"Beaucoup d’aveugles
ont opté pour le Télétact car ils en avaient assez
de ce genre de risque. Mais notre dispositif ne remplace pas la canne,
insiste-t-il. Elle est indispensable, ne serait-ce que pour signaler
aux passants que son propriétaire est non-voyant, et qu’il
ne faut pas lui couper la route brusquement par exemple."
Afin d’indiquer à l’utilisateur
non voyant les fameuses distances mesurées au laser, le
premier modèle de Télétact émettait
dans une oreillette une indication sonore. Extrêmement
précise, celle-ci réclamait une longue période
d’apprentissage. Autre inconvénient : pour pallier
la vue, l’oreillette monopolisait un autre sens - l’audition
- alors que les bruits sont tout particulièrement utiles
pour appréhender l’environnement. " Aujourd’hui,
tout en conservant l’oreillette en option, nous développons
donc une deuxième génération de Télétact,
plus simple à utiliser, avec quatre boutons vibreurs ",
explique Yacine Bellik. Par exemple, pour un obstacle situé à plus
de 6 m, c’est le bouton de l’index qui vibre. Celui
du majeur pour les obstacles se trouvant entre 4 et 6 m devant,
et ainsi de suite.
"Les intervalles exacts seront déterminés
d’après les tests que viennent de démarrer
les utilisateurs.", précise le chercheur.
Le
Télétact II, en cours d’industrialisation
par la société EREO, devrait être
commercialisé courant 2003 par la société Medexa,
au prix de 2200 euros environ. Quant au stage de formation,
qui coûtait 1800 euros aux utilisateurs de la
première version, il sera désormais financé par
Lions Club, une association à but humanitaire.
Mieux encore : le Télétact pourrait bientôt être
remboursé par la sécurité sociale.
"Il
faudra d’abord en avoir vendu une soixantaine",
prévient Yacine Bellik.
Mais l’objectif
est proche puisqu’une quarantaine d’exemplaires
de la première version ont déjà été écoulés.
Les yeux brillants, le chercheur avoue même qu’ "
un modèle de 3ème génération
est déjà en préparation, mais
c’est top secret !, sourit-il. Ce sera une grande
avancée, très grande… "
|
|