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"Selon
les médecins, de nombreuses personnes âgées,
hospitalisées ou non en centre de soin et actuellement
immobilisées, pourraient se déplacer de manière
autonome si on leur offrait des déambulateurs (ou cadres
de marche) plus adaptés à leurs pathologies"
, observe Viviane Pasqui, du Laboratoire
de Robotique de Paris, à Fontenay-aux-Roses (CNRS FRE
2507). Car même les plus perfectionnées de ces structures,
à trois ou quatre roues et sur lesquelles on peut s’appuyer,
restent hélas difficiles à manier. Les pousser et
contrôler les freins sans chuter est trop risqué
pour nombre de personnes. Sans parler de la manœuvre la plus
délicate, passer de la station assise à la station
debout, pour laquelle elles doivent impérativement attendre
l’aide d’une infirmière…
"Voilà pourquoi
nous travaillons sur la mise au point de Monimad, un
déambulateur motorisé et intelligent",
explique Viviane Pasqui. En particulier, l’engin à trois
roues est conçu pour baisser ses poignées, afin que
le patient assis puisse s’y appuyer de tout son poids. Ensuite,
l’engin articulé se relèverait, entraînant
avec lui le patient ainsi remis debout et prêt à marcher.
"A terme, Monimad permettra aussi à son utilisateur
d’avancer
comme si une personne, attentive à sa progression et à ses
difficultés, lui tenait les mains", commente la chercheuse.
Bardé
de capteurs, le déambulateur intelligent tiendra en effet
compte de l’attitude de son utilisateur. "Notamment,
si celui-ci pousse les poignées vers l’avant, Monimad
avancera. Si au contraire les poignées sont tirées
vers l’arrière, l’engin freinera automatiquement.",
explique Viviane Pasqui. Surtout, il s’adaptera à
chaque personne, interprétant par exemple le désir
d’avancer de tel patient malgré la faible poigne
qu’il parvient à exercer sur le guidon. Afin de définir
l’ensemble de ces règles d’ "intelligence",
l’équipe du LRP analysera le comportement de quelques
utilisateurs sur un prototype, attendu cet été,
à l’Hôpital Charles Foix (Ivry-sur-Seine),
partenaire, avec l’INSERM, le constructeur Robosoft et la
société 3WAC, du projet financé par le Ministère
de la Recherche. L’occasion aussi d’évaluer
différentes options
à lui apporter.
Au final, Monimad devrait flirter avec le prix d’un fauteuil roulant électrique
haut de gamme, et s’adresse donc principalement aux centres de soins et
aux institutions. Quant à savoir s’ils en feront la dépense,
Viviane Pasqui expose un raisonnement imparable.
"En dehors du confort,
appréciable, offert aux personnes âgées", fait-elle
remarquer,"ne vaut-il pas mieux investir dans cet
appareil, servant à tour
de rôle à plusieurs utilisateurs, plutôt que de les laisser
dans un alitement lourd de conséquences, puisqu’il entraîne
une dégradation de l’état général des patients,
et donc un besoin accru de soins et de personnels hospitaliers…"
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