© CNRS Photothèque - H. Thery

Les nanomatériaux - sécurité au travail
Avis de l'Afsset et rapport d'expertise collective
Juillet 2008



 



Quelles sont les incidences des nanoparticules sur la santé et sur l’environnement ?

Toxicité pour l'homme et risques sanitaires liés aux nanomatériaux

Les nanomatériaux sont-ils toxiques ? Les scientifiques ne sont pas aujourd’hui en mesure de répondre à cette question. Mais, l’existence de travaux mettant en évidence un impact des particules ultrafines et fines sur la santé (1), leur font soupçonner qu’il pourrait en être de même pour les nanoparticules manufacturées. Plusieurs études épidémiologiques ont en effet prouvé par le passé que ces poussières de provenances variées qui baignent en permanence dans l’atmosphère, provoquaient des réactions respiratoires et cardiovasculaires chez une partie significative de la population. Certains tests menés en laboratoire ont même établi qu’elles pouvaient être à l’origine d’inflammations pulmonaires chez l’animal qui les inhalait !
Cependant, en ce qui concerne les nanoparticules manufacturées elles-mêmes, les données manquent pour l’instant. Les chercheurs savent qu’en raison de certaines de leurs propriétés physico-chimiques (taille, surface exposée, concentration, composition chimique, forme, solubilité etc…), ces objets induisent des réponses de l’organisme. Mais ils n’ont pu établir si les effets observés étaient en rapport avec une éventuelle toxicité.

Quelques travaux existent néanmoins (2). Ils démontrent que certaines de ces particules peuvent franchir les barrières de protection de l’organisme pour s’accumuler dans plusieurs organes, principalement lorsque le sujet leur est exposé par inhalation ou par ingestion.
Ainsi, des biologistes ont découvert que des fullerènes introduits par voie intrapéritonéale endommagent le rein d’un rat mais sont sans effet si la molécule est absorbée oralement par le rongeur. Deux études ont montré que l’injection de nanotubes de carbone dans la trachée de souris, aboutissait à l’apparition de granulomes autour de la zone où le composé avait été déposé. Mais, deux autres ne constatent qu’une réponse inflammatoire aiguë liée à la présence de la molécule. Dans la catégorie des matériaux inorganiques, les rares publications existantes portent sur le dioxyde de titane (TiO2). L’une d’elles indique que la toxicité des particules fabriquées à partir de cette substance augmente à mesure que leur taille diminue, en cas d’inhalation. Un résultat qui étonne les spécialistes car il serait contraire à celui obtenu avec de l’or colloïdal, du sélénium ou du trioxyde d’arsenic ! Enfin, la théorie selon laquelle, le TiO2 pris comme ingrédient des crèmes solaires pourrait pénétrer à travers la peau saine serait mise à mal : les scientifiques jugent désormais peu probable que des nanoparticules soient en mesure de franchir la défense naturelle de notre organisme que constitue le derme.

(1) Andrew D. Maynard et Eileen D. Kuempel “Airborne Nanostructured particles and occupational health”, Journal of Nanoparticle Research (2005) 7: 587–614.
(2) Voir «Les Nanomatériaux. Effets sur la santé de l’homme et sur l’environnement», rapport de l’AFSSET, juillet 2006.