Quelles sont les incidences
des nanoparticules sur la santé et sur l’environnement ?
Toxicité pour l'homme et risques
sanitaires liés aux nanomatériaux
Les nanomatériaux sont-ils toxiques ? Les scientifiques
ne sont pas aujourd’hui en mesure de répondre à
cette question. Mais, l’existence de travaux mettant en évidence
un impact des particules ultrafines et fines sur la santé (1),
leur font soupçonner qu’il pourrait en être de même
pour les nanoparticules manufacturées. Plusieurs études
épidémiologiques ont en effet prouvé par le passé
que ces poussières de provenances variées qui baignent
en permanence dans l’atmosphère, provoquaient des réactions
respiratoires et cardiovasculaires chez une partie significative de
la population. Certains tests menés en laboratoire ont même
établi qu’elles pouvaient être à l’origine
d’inflammations pulmonaires chez l’animal qui les inhalait !
Cependant, en ce qui concerne les nanoparticules manufacturées
elles-mêmes, les données manquent pour l’instant.
Les chercheurs savent qu’en raison de certaines de leurs propriétés
physico-chimiques (taille, surface exposée, concentration, composition
chimique, forme, solubilité etc…), ces objets induisent
des réponses de l’organisme. Mais ils n’ont pu établir
si les effets observés étaient en rapport avec une éventuelle
toxicité.
Quelques travaux existent néanmoins (2). Ils
démontrent que certaines de ces particules peuvent franchir les
barrières de protection de l’organisme pour s’accumuler
dans plusieurs organes, principalement lorsque le sujet leur est exposé
par inhalation ou par ingestion.
Ainsi, des biologistes ont découvert que des fullerènes
introduits par voie intrapéritonéale endommagent le rein
d’un rat mais sont sans effet si la molécule est absorbée
oralement par le rongeur. Deux études ont montré que l’injection
de nanotubes de carbone dans la trachée de souris, aboutissait
à l’apparition de granulomes autour de la zone où
le composé avait été déposé. Mais,
deux autres ne constatent qu’une réponse inflammatoire
aiguë liée à la présence de la molécule.
Dans la catégorie des matériaux inorganiques, les rares
publications existantes portent sur le dioxyde de titane (TiO2).
L’une d’elles indique que la toxicité des particules
fabriquées à partir de cette substance augmente à mesure
que leur taille diminue, en cas d’inhalation. Un résultat
qui étonne les spécialistes car il serait contraire à
celui obtenu avec de l’or colloïdal, du sélénium
ou du trioxyde d’arsenic ! Enfin, la théorie selon
laquelle, le TiO2 pris comme ingrédient des crèmes
solaires pourrait pénétrer à travers la peau saine
serait mise à mal : les scientifiques jugent désormais
peu probable que des nanoparticules soient en mesure de franchir la
défense naturelle de notre organisme que constitue le derme.
(1) Andrew D. Maynard et Eileen D. Kuempel “Airborne
Nanostructured particles and occupational health”, Journal
of Nanoparticle Research (2005) 7: 587–614.
(2) Voir «Les Nanomatériaux. Effets sur
la santé de l’homme et sur l’environnement»,
rapport de l’AFSSET,
juillet 2006.