En 2001, seize ans après Ara (Automatisation et robotique avancées), le CNRS a mis en place
un nouveau programme en faveur de la robotique. Baptisé Robea pour Robotique et entités
artificielles, ce plan national soutient chaque année une dizaine de nouveaux projets, sélectionnés
après un appel à propositions ouvert à tous les laboratoires.
La naissance de Robea a coïncidé avec celle du département Stic du CNRS. Pour Malik Ghallab,
directeur de recherches au Laas et à l’initiative du programme, l’occasion était trop
belle : "Depuis trop longtemps, nous manquions en France d’un grand projet pour la robotique
qui souffrait alors du manque d’intérêt de l’industrie pour ses nouvelles applications. Il fallait
donner une nouvelle impulsion et la création du département Stic avec des objectifs
d’interdisciplinarité en a été le déclencheur. En effet, la robotique est en quelque sorte le
carrefour de très nombreuses disciplines : mécanique, électromagnétisme, informatique, sciences
cognitives, mathématiques, sciences de la vie (neurosciences, médecine, etc.) et même sciences
humaines et sociales pour l’étude des interactions entre humains et robots ou des comportements
collectifs." Malik Ghallab présente rapidement son projet à Francis Jutand, alors directeur du
département, et le programme Robea débute en avril 2001.
Chaque année, un appel à propositions est donc organisé, pour lequel M. Ghallab reçoit à chaque fois
une trentaine de réponses. Après une présélection et une évaluation finale, un tiers des projets environ
sont retenus et profitent alors de l’aide de Robea. Celle-ci est avant tout financière : "en moyenne,
un projet reçoit 100 000 euros répartis sur deux ou trois ans, explique Malik Ghallab. Cependant, l’apport
de Robea n’est pas que pécuniaire : chaque projet est en effet suivi avec attention par un membre du
comité scientifique. Enfin, les journées annuelles Robea sont l’occasion pour tous les chercheurs
concernés de se retrouver et de partager leurs avancées."
Aujourd’hui, après trois appels à proposition et 98 projets soumis, 32 ont reçu le soutien de Robea.
Pour multiplier ses chances d’être élu, un projet se doit de constituer une avancée dans une thématique
privilégiée par le programme. Parmi les orientations prioritaires, les recherches sur les fonctions
sensori-motrices, l’autonomie ou les interactions hommes/ robots sont souvent les bienvenues (voir encadré).
Néanmoins, tout projet a sa chance, pour peu qu’il contribue réellement à l’avancée de la robotique.
En témoignent la sélection en 2002 du projet Robocoq qui verra la conception d’un
robot caille ou encore en 2003 du projet Robot- Anguille, un prototype qui reproduira la biomécanique de
la nage de ce poisson.
En tout, ce sont 250 équipes qui participent au programme Robea, regroupées sur une centaine de
laboratoires. Actuellement, Robea soutient essentiellement des projets d’importance moyenne. Mais
beaucoup, dont Malik Ghallab, espèrent passer bientôt à l’étape suivante : "trois ou quatre
plateformes pourraient cristalliser chacune quatre à cinq projets de la taille actuelle, milite
le chercheur. C’était l’une des grandes réussites du programme Ara au milieu des années 80.
Ces regroupements autoriseraient une synergie des recherches et nous feraient progresser bien
plus vite. J’ai bon espoir pour la suite." Et l’optimisme du passionné n’est pas déraisonné
si l’on considère l’essor de la collaboration internationale en robotique : la coopération
européenne va grandissante, comme l’atteste la préparation de l’appel «Beyond robotics» du
6ème Programme cadre de recherche et développement de l’Union européenne. Seize ans après,
Robea marche dignement sur les traces d’Ara.
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