Carole Chrétien, nouvelle directrice des relations avec les entreprises

CNRS

"Le CNRS doit aider le monde économique, tout en respectant ses valeurs profondes".

Nommée à la tête de la Direction des relations avec les entreprises en novembre 2019, Carole Chrétien revient sur les enjeux de ce poste clé et sur son parcours, façonné à l’interface entre le monde économique et le monde public.

Vous venez de prendre vos fonctions en tant que directrice des relations avec les entreprises au CNRS en novembre 2019. Quel est votre vision de l’organisme ? de ses liens avec le tissu industriel ?

Carole Chrétien :   Près de 32 000 personnes se consacrent au CNRS à une recherche interdisciplinaire d’excellence mondiale. Et pourtant, cette richesse nationale est encore trop méconnue par le monde industriel. Si le métier premier du CNRS est la recherche fondamentale, de cette recherche découle de manière naturelle des relations fortes avec l’industrie... Ces découvertes, inventions et innovations trouvent des applications dans et pour notre société.  Et dans plusieurs cas, ces recherches sont réalisées avec ou pour le monde industriel. Et cela aussi bien en recherche dite « appliquée » qu’en recherche fondamentale. Antoine Petit, PDG du CNRS, rappelait d’ailleurs récemment que le physicien Albert Fert s’était vu décerné son prix Nobel alors qu’il travaillait au sein d’une unité mixte entre le CNRS et Thales, unité qu’il avait lui-même fondé en 1995.

De plus, le CNRS propose une palette interdisciplinaire qui intéresse beaucoup ces groupes : par exemple les collaborations avec Thales impactent plusieurs domaines scientifiques :  physique, algorithmie, modélisation, logiciels, mais également sciences humaines et sociales.

Ces collaborations fortes sont ancrées dans la durée en lien avec le nécessaire temps long de la recherche —cela fait plus de 45 ans que nous travaillons avec le groupe Solvay, par exemple.  Mais il ne s’agit pas seulement de grands groupes et ETI. Près de 1500 PME françaises ont noué des relations avec le CNRS ces trois dernières années. Et toutes ces relations prennent des formes très diverses : colloques, collaborations de recherche, laboratoires communs, formations en entreprise, brevets, licences, etc. Ces collaborations irriguent par ailleurs l’ensemble du territoire français et profitent de tous les partenariats académiques du CNRS. Le nécessaire continuum enseignement supérieur, recherche et applications est ainsi assuré.
 

Et c’est pour lancer et soutenir toutes ces collaborations que la DRE entre en jeu.

C. C. : Ces collaborations sont initiées en premier lieu dans les laboratoires par les chercheurs et chercheuses et sont mises en place par les personnels des instituts et des délégations régionales du CNRS. Un vaste réseau de professionnels au sein des instituts et des services partenariat et valorisation au sein des délégations régionales prépare, organise et entretient les relations avec les entreprises. La Direction des relations avec les entreprises (DRE) n’est qu’un facilitateur et un accélérateur. Nous avons par exemple récemment lancé le service « Trouver un expert » pour permettre aux entreprises d’identifier un laboratoire ou expert CNRS selon un domaine spécifique recherché.

La DRE a pour vocation de simplifier l’ensemble des relations et d’avoir un poids de négociation face aux industriels pour garantir l’intéressement du chercheur, mais également le respect de la juste frontière entre les activités d’intérêt général et les activités à caractère économique.  La DRE défend les intérêts du chercheur auprès des industriels et traduit également le besoin des entreprises vers les chercheurs. C’est une interface, qui a pour mission de faciliter et de valoriser le rôle de partenaire scientifique d’excellence du CNRS.

Aujourd’hui les nouveaux défis sociaux et environnementaux posés aux gouvernements et aux entreprises imposent de repenser les liens entre un organisme comme le CNRS et le monde économique. C’est un bon moment pour développer de nouveaux liens, pour déployer de nouveaux projets.
 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

C. C. : Il s’est réellement façonné à l’interface entre le monde économique et le monde public, un peu comme mon caractère, en alliant idéalisme et pragmatisme. Je sais que cela surprend parfois, j’ai commencé mes études par une Licence de philosophie à la Sorbonne ! Une étape importante car pour moi la philosophie est la meilleure discipline pour s’interroger sur le monde et voir comment l’améliorer… Après un DEA de Sciences Politiques, j’ai intégré l’ESSEC pour un cursus en management. J’ai débuté ma carrière dans un grand cabinet international de conseil aux entreprises (Arthur Andersen avec à la fois des missions de commissariat aux comptes classique et des missions de conseil dans le secteur public). Puis j’ai dirigé des collectivités locales et dans ce cadre, accompagné des projets d’entreprises et d’entrepreneurs sur le terrain. J’ai eu la chance à cette période d’accompagner les projets de développement de l’UTC de Compiègne et sa filiale de valorisation, d’accueillir l’Escom pour développer une filière de recherche fondamentale en chimie. Par la suite, j’ai intégré des Cabinets ministériels (Cabinet du ministre de l’espace rural et de l’aménagement du territoire et Cabinet du ministre de la ville et du Grand Paris) au sein desquels je gérais les activités de développement économique et d’accompagnement des entreprises. Cette expérience m’a permis de voir les entreprises dans des contextes favorables (innovation, développement immobilier) mais aussi dans des contextes difficiles (restructuration, désindustrialisation…). J’ai ensuite été nommée directrice générale au Commissariat général à l’internationalisation des PME et ETI. Nous aidions les entreprises à aller chercher des développements et des parts de marché à l’étranger. Puis j’ai travaillé avec l’ensemble des fédérations professionnelles et des réseaux patronaux locaux. Cela m’a permis de compléter mes connaissances et d’avoir une vision globale du monde économique et de ses dirigeants. C’est l’ensemble de ces connaissances que je peux apporter au CNRS, pour l’aider à mieux négocier avec les entreprises, à développer ses interactions avec le monde économique, tout en respectant ses valeurs profondes et les chercheurs de grande qualité qui le compose.
 

Quels sont les enjeux pour le CNRS en terme de relations avec les entreprises ?

C. C. : Aujourd’hui l’urgence des défis environnementaux et sociaux bousculent la société et le CNRS a toute sa place pour éclairer la décision publique. Il peut contribuer avec les entreprises à relever ces défis essentiels pour les générations futures. Pour cela, et plus largement, il faut que le monde de la recherche et le monde industriel se connaissent encore mieux.  

Depuis sa création il y a 80 ans, le CNRS est au cœur de la cité et toutes les belles histoires de valorisation et d’applications n’ont jamais dénaturé son cœur de métier ! La Direction des entreprises va œuvrer à créer de nouvelles opportunités et faire connaitre l’excellence de la recherche et des équipes des 1100 laboratoires 

Plus de 20 accords cadre en vigueur :

AIR LIQUIDE

ARKEMA

BAYER CROPSCIENCE

EDF

ESSILOR

MICHELIN

NEXANS

PEUGEOT CITROEN AUTOMOBILES

RENAULT

SAFRAN

SAINT-GOBAIN

ST MICROELECTRONICS

SOLVAY

THALES

TOTAL

BULL

DASSAULT AVIATION

GDF

PIERRE FABRE MEDICAMENT

ARIANEGROUP

En 2018 :

  • Près de 2 300 co-publications CNRS/entreprises
  • Près de 200 co-dépôts de brevets CNRS/entreprises
  •  Plus de 1 500 stagiaires en formation dont près de 800 salariés d’entreprises
  • Plus de 150 structures communes de recherche CNRS / entreprises (plus de 140 laboratoires communs avec des entreprises, près de 20 unités mixtes de recherche dont 15 avec une grande entreprise)
  • Plus de 1 000 nouveaux contrats de recherche avec des entreprises
  • Près de 250 nouveaux contrats de prestations de services
  • Près de 250 formations courtes à destinations des entreprises
  • Près de 200 familles de brevets déposées avec un industriel en 2017
  • Près de 90 contrats d’exploitation signés