« L’informatique sans ordinateur, c’est possible ? », une conférence-démo animée par Éric Duchêne et Aline Parreau. © CNRS – David Pell

Échappées inattendues : un événement de lancement réussi

CNRS

Les 18 et 19 novembre, le « Centquatre » accueillait le premier événement du CNRS sous la signature « Les Échappées inattendues – la science racontée par le CNRS ».

Plusieurs centaines de personnes ont assisté les 18 et 19 novembre à l’événement de lancement des « Échappées inattendues », la nouvelle signature des événements de médiation scientifique du CNRS, au Centquatre, l’établissement artistique de la Ville de Paris.

Public dans une salle à trois murs d'écran
La conférence immersive, trois murs d'écrans pour mieux plonger dans les recherches. © CNRS – David Pell

Les quatre premiers formats de cette nouvelle marque (voir encadré) étaient représentés dans un programme riche allant des dernières découvertes en astronomie aux écosystèmes qu’on ignore encore largement comme les sols, en passant par les défis auxquels doivent faire face nos sociétés comme le changement climatique ou la ville du futur.

Pour commencer, un débat grand format sur la lutte contre les inégalités éducatives a donné la parole aux personnes présentes, afin de partager leurs points de vue, témoignages et idées avec les scientifiques. Grégoire Borst, directeur du Laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant1 , Céline Darnon du Laboratoire de psychologie sociale et cognitive2 , Guillaume Huet de l’Observatoire parisien de la mixité sociale et de la réussite éducative, ainsi que l’enseignante Aurélie Lebranchu ont planté le décor et montré la manière dont les chercheurs et chercheuses étudient et mesurent ces inégalités éducatives et les modalités d’actions pour y remédier. Puis l’échange avec la salle a été intense. Professeur des écoles, en diplôme universitaire de neurosciences, Sybille s’est ainsi dite « très touchée au quotidien » par les constats faits, notamment la lente prise en compte du travail des scientifiques sur ces sujets par les autorités. « Avoir cet échange et pouvoir rencontrer des personnes dont c’est le combat quotidien est très enrichissant », confirme pour sa part la doctorante Lys, en thèse sur ce sujet de la lutte contre les inégalités éducatives.

  • 1CNRS/Université Paris Cité.
  • 2CNRS/Université Clermont-Auvergne.

Quatre formats pour tous les publics

La marque « Les Échappées inattendues – la science racontée par le CNRS » s’organise pour le moment autour de quatre formats. Ils offrent un accès privilégié à la science en train de se faire et partagent la démarche scientifique, au plus proche du travail des scientifiques :

  • Le débat grand format : un format sur un temps long, qui permet de débattre et de dialoguer librement avec les scientifiques sur des thèmes d’actualité.
  • Les micro-conférences : trois courtes interventions se succèdent, offrant plusieurs éclairages issus de différentes disciplines, autour d’un même thème scientifique.
  • La conférence immersive : un format qui permet une plongée dans les recherches et l’environnement de travail des scientifiques grâce à un espace composé de trois murs d’écrans.
  • La conférence-démo : basé sur l’interaction, ce format combine des manipulations faites par le public présent avec les explications scientifiques qui s’y rapportent.

Se sont ensuite succédées, sur deux jours, des micro-conférences, conférences immersives et conférences-démo dans trois salles. Par exemple, Sylvestre Maurice de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie3  a emmené le public sur Mars, à la découverte des missions d’exploration qui y sont menées. « Quand on regarde des documentaires, on fantasme beaucoup ces métiers de la recherche. Avoir un vrai scientifique devant soi qui nous explique et rend accessibles ses travaux, c’est très chouette ! », s’enthousiasment Charles et Lucie*, la trentaine, qui ont assisté à la présentation dans une salle avec trois murs d’écrans et ont eu « l’impression d’y être ». Venus au Centquatre pour une exposition d’art contemporain, ils auront finalement parcouru la planète rouge et assisté à trois micro-conférences sur Notre-Dame de Paris – abordant autant les couleurs de la cathédrale que son acoustique et la question de l’existence immatérielle du monument et des émotions patrimoniales : « On est content de notre journée ! », confirment-ils avant de promettre de regarder les autres conférences sur le site internet de la marque.

Quatre intervenants assis devant un écran sur lequel apparaît un dessin
L'illustratrice Aurélie Bordenave a dessiné en direct les échanges lors du débat grand format consacré aux inégalités éducatives, avec Grégoire Borst, Aurélie Lebranchu, Guillaume Huet et Céline Darnon. © CNRS – David Pell

De son côté, Martin, 41 ans, est venu exprès les deux jours entiers, après avoir trouvé l’information sur un site « Que faire à Paris ce week-end ? ». Non scientifique, il trouve « très utile de porter au grand public le contenu des recherches intéressantes » menées au CNRS et a été ravi d’échanger avec des scientifiques « animés par leur passion et venus la transmettre », que ce soit sur les fourmis, la santé, l’Univers ou les sciences climatiques.

Venue avec son fils Théotim, 16 ans, Cécile a, quant à elle, assisté à la conférence-démonstration sur l’informatique débranchée proposée par Éric Duchêne et Aline Parreau du Laboratoire d'informatique en image et systèmes d'information4  : « C’est fluide et accessible, on arrive à comprendre », témoigne-t-elle. Sans robot ni tablette mais avec des bouts de bois et des carrés de couleur, c’est toute la salle qui participe aux expériences dans ce format. L’occasion de découvrir les enjeux des algorithmes, la parallélisation des calculs, la puissance et les limites de l’intelligence artificielle comme les pionniers, en se libérant de l’écran. « J’avais entendu parlé de ces concepts, mais là on voit vraiment comment ça marche ! », résume l’adolescent, qui est resté pour la conférence-démonstration suivante sur l’amidon.

Un homme debout face à une salle comble vue de dos
L'astrophysicien Hervé Dole lors de sa micro-conférence sur l'Univers invisible. © CNRS – David Pell

« Je trouve formidable d’être dans ce lieu qui n’est pas un endroit classique de médiation, avec des personnes qui sont là un peu par hasard et peuvent voir un peu de science en passant. C’est à moi ensuite de faire en sorte qu’elles restent le plus longtemps possible. », témoigne Frédéric Restagno, qui a donné une conférence-démonstration très animée sur les forces de frottement, de la machine à laver à déménager aux annuaires qui résistent à tout, en passant par la laine de nos vêtements. « Toute occasion de rencontrer le public, de lui montrer la diversité des chercheurs et chercheuses, est bonne à prendre. On peut ainsi lui prouver que la science est aussi pour lui ou pour elle ! », continue le spécialiste, habitué à l’exercice de la vulgarisation mais qui note la difficulté à « gérer un public hétérogène composé d’enfants du quartier venus sans leurs parents, d’adultes éduqués en sciences ou non, et de collègues scientifiques ».

« Ça nous sort de notre zone de confort », confirme Deniz Dalkara de l’Institut de la vision5  qui a donné l’une des trois micro-conférences sur la santé – qui ont abordé les thérapies génétiques innovantes pour recouvrer la vue, la lutte contre les cancers et la médecine de demain : « J’aime beaucoup ce format court car il permet, en 10 minutes, de saisir les grandes lignes et les enjeux de notre domaine de recherche, tout en laissant de la place pour la conversation avec le public. Regrouper trois micro-conférences par thématique est pertinent pour faire discuter les différents domaines. »

Sylvie Retailleau donnant sa médaille à une lauréate, les deux femmes souriant
La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, a visité les Échappées inattendues avant de remettre leur médaille aux lauréats et lauréates de la médaille de la médiation 2022 du CNRS.

En trait d'union de ces deux jours d’événement, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le PDG du CNRS ont remis les médailles de la médiation 2022. « Pont indispensable entre science et société », la médiation scientifique « repose sur des femmes et des hommes passionnés et mus par une très grande force de conviction », a affirmé Sylvie Retailleau. « Il faut leur donner du temps, des moyens et la reconnaissance qu’ils méritent », a-t-elle ajouté, saluant « l’énergie qu’ils mettent à faire vivre ces actions de médiation ».

« Développer des relations étroites entre les scientifiques et les publics est une priorité du CNRS. Nous concevons la médiation scientifique comme un levier de citoyenneté : comprendre pour agir et pour innover », a pour sa part rappelé Antoine Petit, pour qui les Échappées inattendues, « invitation au voyage et à la découverte », visent à « toucher de nouveaux publics par de nouvelles manières de présenter la science, pour une ou cinq minutes, voire un peu plus, pour la vie peut-être ».

* Le prénom a été changé.

  • 3CNRS/CNES/Université de Toulouse - Paul Sabatier.
  • 4CNRS/Insa Lyon/Université Claude Bernard.
  • 5CNRS/Inserm/Sorbonne Université.