De l’observation de ces propriétés, émerge l’idée que les écosystèmes sont naturellement résilients, mais que leurs capacités naturelles de résilience sont sensibles et peuvent être modifiées (altérées / améliorées) par divers facteurs, qu’il s’agisse de pressions diverses ou de mesures de gestion. Par exemple, si la résilience des systèmes récifaux correspond à la stabilité d’un état donné face aux perturbations, la surpêche ou l’apport excessif de nutriments faciliteraient le basculement vers un état plus dégradé de l’écosystème donc diminuerait sa résilience (Figure VI.8). Les changements d’état correspondent à des situations où, lorsqu’un seuil est franchi, le système bascule vers un nouvel état d’équilibre. Ces changements sont des phénomènes complexes et on peut observer des basculements écologiques brutaux sous la contrainte de variables physiques changeant progressivement (effet de saturation). La compréhension de ces phénomènes nécessite l’association d’approches théoriques et d’observations de séries à long terme de la biodiversité marine, de ses propriétés d’organisation et des contraintes qu’elle subit. De plus, les approches théoriques produisent des hypothèses dont la confirmation passe ensuite par des tests expérimentaux. De ce point de vue, il est important de développer les infrastructures nécessaires permettant d’étendre la démarche aujourd’hui menée en milieu terrestre et d’eau douce vers le milieu marin. “Healthy” state Figure VI.8. Différents états des récifs coralliens et leur résistance aux perturbations. Les transitions vers un état dégradé, symbolisées par le déplacement de la sphère bleue, sont facilitées par l’impact humain à travers la surpêche ou l’apport de nutriments. Overfishing of herbivores Overfishing of herbivores Extra nutrient predators Macro algae state Sea urchin barren state Rock 101 Même si les théories écologiques reliant propriétés d’organisation et résilience permettent d’émettre des hypothèses sur les propriétés qui sont les plus essentielles à préserver du fait qu’elles confèrent une plus grande résilience, on manque aujourd’hui de vision synthétique permettant d’établir les règles générales de modification du fonctionnement des écosystèmes ou des réseaux trophiques. Sur ce point, l’halieutique est le domaine le plus avancé du fait du développement de l’approche écosystémique des pêches. On sait par exemple que la pêche provoque une baisse de la longueur moyenne des chaînes trophiques au sein des réseaux surexploités. Ce type de généralisation n’existe cependant pas pour les autres pressions que subissent les écosystèmes marins. Pour y parvenir, il est nécessaire de mener en étroite association des études d’écologie théorique, visant à définir quelles propriétés sont responsables de la stabilité des écosystèmes, et l’observation concrète des effets de pressions diverses. L’association entre approches théoriques et observations permettra alors de définir quelles propriétés fonctionnelles sont prioritaires pour définir les indicateurs de santé des systèmes et envisager des mesures de gestion appropriées. prospective de l’institut ecologie et environnement du cnrs
prospectivemer2013
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