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prospective mer Une telle démarche est ainsi mise en avant, tant dans la gestion des ressources halieutiques que dans différentes directives européennes qui visent à la préservation du bon état écologique des environnements marins (e.g. DCSMM, Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin). Décrire ou mesurer le fonctionnement des écosystèmes marins est extrêmement difficile pour de multiples raisons : • la notion même de fonctionnement d’un écosystème est l’objet de différentes définitions incluant aussi bien des processus écologiques (e.g. la photosynthèse), des fonctions (e.g. la production primaire) que des propriétés des systèmes, propriétés structurelles (e.g. la connectance) comme dynamiques (e.g. la résilience) ; • le fonctionnement global des écosystèmes est complexe et implique de nombreuses fonctions basées sur de nombreuses propriétés physiques, chimiques et biologiques qu’il est difficile de reproduire expérimentalement ou d’appréhender à travers quelques indicateurs simples. De grands équipements comme les Ecotrons ont récemment vu le jour pour le domaine terrestre et commencent à intégrer des modèles marins, mais la démarche expérimentale est beaucoup plus délicate en domaine marin, en particulier pour bien prendre en compte le couplage benthos pelagos ou intégrer plusieurs échelles temporelles emboîtées. Dans des systèmes expérimentaux aussi complexes, la difficulté est de définir des paramètres de contrôle pertinents pour les systèmes écologiques étudiés, alors même qu’on ne les connaît pas toujours pour l’environnement naturel. Afin de rendre compte des multiples facettes du fonctionnement des écosystèmes, une approche possible est celle de l’analyse des traits biologiques, utilisés comme des indicateurs de fonctionnement. Une telle analyse passe par la construction de deux matrices, la première liant les espèces à leurs traits biologiques qui traduisent ainsi le rôle fonctionnel de chaque espèce (taille, forme, mobilité, mode d’alimentation, etc.) pour différentes fonctions clefs (utilisation des ressources, interactions trophiques, modification de l’habitat). La seconde matrice croise simplement espèces et stations d’observation. L’utilisation conjointe de ces deux matrices permet de savoir comment les différentes fonctions écosystémiques se distribuent et sont remplies, le cas échéant par des espèces différentes, à travers tout l’écosystème ou la zone d’étude considérée. Ce type de démarche peut servir à caractériser les conséquences de pressions humaines sur un système écologique quelconque en termes de redondance fonctionnelle. Sur le plan méthodologique se posent les questions suivantes : • Quels sont le nombre et la nature des traits à prendre en considération en fonction de l’écosystème analysé et de l’objectif de l’étude ? • Quelle sera l’influence du nombre et du type de traits considérés sur la robustesse des résultats ? L’analyse de la diversité fonctionnelle par les traits biologiques est encore peu pratiquée en écologie marine. Dans le cadre de l’évaluation de l’impact des activités anthropiques sur la diversité fonctionnelle des peuplements marins en zone tempérée, de rares études ont porté sur les effets de la pêche ou de l’extraction de granulats. A contrario, ces méthodes ont été largement appliquées en domaine continental, terrestre ou aquatique, pour évaluer les conséquences fonctionnelles de nombreuses perturbations (pollutions, modification de l’usage des sols, etc.). Transférer cette démarche au milieu marin afin d’en évaluer la pertinence est apparu comme l’une des conclusions phares de la 2nd World Conference on Marine Biodiversity qui s’est tenue à Aberdeen en septembre 2011. L’analyse des traits biologiques serait un moyen d’appréhender la diversité sous un angle fonctionnel avec au moins trois objectifs majeurs. • Evaluer l’impact de multiples pressions anthropiques sur l’organisation fonctionnelle des peuplements ; un enjeu important dans ce contexte est de vérifier si l’analyse par les traits biologiques est à même de différencier les effets des différentes pressions élémentaires. • Evaluer l’efficacité de différentes mesures de gestion des écosystèmes en termes de maintien des traits fonctionnels dans les écosystèmes. • Prédire l’évolution du maintien des traits fonctionnels des écosystèmes en réponse au changement global. Dans un environnement où la distribution de la biodiversité marine se modifie avec des pertes et des gains d’espèces en réponse aux changements environnementaux, l’analyse 106


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