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prospective mer Bien que les pressions anthropiques en mer puissent paraître moins intenses et souvent moins directes qu’à terre, elles prennent depuis plusieurs décennies une importance grandissante et elles touchent des environnements de plus en plus divers, y compris ceux qui sont les plus éloignés du cadre de vie de l’espèce humaine, comme les zones profondes ou polaires. Les principaux effets de l’action de l’homme y sont la surexploitation des ressources, les pertes d’habitats et l’artificialisation des milieux, particulièrement sensible sur les côtes. Ces impacts conjugués à l’installation massive de populations humaines sur les littoraux a conduit à l’émergence d’environnements au sein desquels la prédominance de l’emprise anthropique est telle, qu’on peut les qualifier de socio-écosystèmes très fortement anthropisés3, véritables nouveaux biomes qui peuvent être vus comme des systèmes couplés homme-nature. En effet, ces systèmes associent des éléments multiples, interconnectés et interdépendants, dont les deux composantes principales restent d’une part, l’écosystème dans tous ses aspects biotiques et abiotiques, c’est-à-dire un milieu spécifique aux potentialités diverses, subissant ou exerçant des contraintes très fortes et, d’autre part, un système social très pregnant. L’homme et son action, par une pression pérenne et très forte, affectent de manière prépondérante les différentes composantes de ces systèmes très fortement artificialisés; ils sont la clef d’entrée majeure de leur compréhension. La prépondérance de l’anthroposphère induit des systèmes structurellement instables et hautement complexes. De telles caractéristiques requièrent des approches qui traversent les frontières disciplinaires, notamment entre sciences économiques et sociales d’une part et sciences de la nature (biologiques comme géologiques) d’autre part. Un tel exercice d’interdisciplinarité est engagé depuis plusieurs années, mais il est difficile et il demandera d’autres efforts sur la durée et de l’inventivité pour sa mise en oeuvre car il suppose de profonds changements de pratiques: méthode et sémantique, ainsi que des partages de concepts de la part des chercheurs impliqués, efforts qui doivent être soutenus par une politique volontariste. VII.1 Usages des ressources et espaces De la mer territoriale à la haute mer, le milieu marin recèle des ressources considérables : ressources vivantes renouvelables exploitées par la pêche et l’aquaculture, ressources liées à la biodiversité valorisables grâce au développement des biotechnologies, et ressources non vivantes tels que métaux, minéraux et énergie qui présentent des potentiels de croissance très importants. La France possède un important domaine maritime dont un plateau continental supérieur de vingt fois à son territoire national et une zone économique exclusive (ZE) qui est la seconde au monde. Toutefois, la mise en valeur des richesses des océans est confrontée à une triple contrainte : l certaines ressources restent largement méconnues ; l leur exploitation doit prendre en compte les enjeux de durabilité écologique et la maîtrise des impacts de ces activités sur les ressources vivantes et les écosystèmes s’impose comme un pré requis ; l l’internationalisation des marchés induit des contraintes de rentabilité économique extrêmement sévères. Dans ce contexte, comprendre le fonctionnement des écosystèmes marins, connaître leurs ressources vivantes ou non vivantes, déterminer les modes d’exploitation et de valorisation les plus efficaces et durables, et définir un cadre de gouvernance efficient pour l’exploitation durable des ressources marines sont les défis à relever. Vingt-six pour cent de la population urbaine mondiale habite des villes cotières et 700 millions d’hommes vivent à moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer. Plus de 400 millions d’individus obtiennent plus de la moitié de leur ration de protéines animales à travers les poissons 3 - On peut qualifier ces systèmes de socio-écosystèmes anthropoconstruits. L’homme est l’interacteur prépondérant sur l’ensemble du système et de ses composantes. Son action peut se manifester par emprise (il y est démographiquement très présent, cas des milieux 118 urbains) ou par réserve (il y contraint des espaces qu’il n’occupe pas ou peu : problématique des zones protégées).


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