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prospective mer En première ligne, les environnements littoraux et côtiers (plates-formes continentales, porteuses de nombreuses ressources et en interaction étroite avec les espaces littoraux) subissent directement les effets d’une très forte concentration démographique. Ce qui se passe sur le proche continent et les conséquences de ces événements doivent en effet être intégrés aux analyses conduites sur les environnements littoraux et côtiers car ils y créent un cadre très artificialisé aux dynamiques inattendues. Les aspects ayant les expressions les plus évidentes sont : l’urbanisation (des constructions, faites de matières qui n’existent pas à l’état naturel, occupent l’espace) ; les pollutions constantes ou saisonnières, présentant de larges gammes de toxicité (métaux lourds, composés organiques industriels, épandages agricoles, défaut de traitement des eaux usées, etc.) ; les changements d’utilisation des sols et donc de leurs capacités de rétention ; la modification du relief, l’endiguement des cours d’eau, l’assèchement des zones humides et en conséquence leurs impacts sur l’hydrologie des bassins versants ; l’artificialisation de la biosphère (plantes et animaux introduits)… Toutes ces modifications, pour certaines amplifiées par les hautes densités de peuplement, affectent profondément et massivement le littoral dans sa partie continentale, mais aussi dans sa partie marine qui est par ailleurs directement touchée par des modifications du trait de côte, la destruction de petits fonds par des remblais et des empiètements qui réduisent et segmentent les zones d’habitats, le nautisme, les pêches côtières, les activités d’aquaculture, etc. En se déplaçant vers le large, d’autres impacts majeurs concernent la pêche hauturière qui affecte à la fois la biodiversité capturée et l’environnement. Les activités de pêche représentent la principale cause de mortalité des poissons et d’invertébrés par l’homme et sont par ailleurs sélectives sur les tailles de capture ce qui induit des altérations des chaînes alimentaires et donc des modifications de fonctionnement des écosystèmes. L’utilisation d’engins de pêche de plus en plus gros (filets de plusieurs kilomètres) et de techniques de repérage des cibles halieutiques de plus en plus efficaces (sonars) s’avèrent très destructrices pour la biodiversité, y compris dans des milieux où le rythme d’exploitation n’est pas durable au regard des taux faibles de renouvellement de ces populations. Certains engins de pêche comme les chaluts contribuent de façon significative à la destruction des environnements benthiques. Il est estimé que la surface couverte par le chalutage représente, sur une base annuelle, la moitié de la zone du plateau continental, soit 150 fois la surface de déforestation dans le domaine terrestre. L’activité de pêche peut parfois atteindre une intensité inquiétante ; ainsi des zones de pêches de la mer du Nord sont chalutées jusqu’à huit fois par an et leurs fonds sont totalement artificialisés. Par ailleurs, l’amélioration des techniques d’exploitation des ressources minérales a ouvert de nouveaux horizons aux compagnies minières ou pétrolières qui déplacent leurs zones d’exploration et d’exploitation vers le large. Des secteurs de plus en plus profonds de l’océan sont désormais accessibles alors même qu’ils correspondent à des écosystèmes particulièrement fragiles et mal connus. L’activité de pêche est elle-même menacée avec une diminution attendue de 50% des captures de pêche d’ici la fin du siècle par rapport à 2005 notamment dans les régions polaires et tropicales (Figure VI.4). Les mécanismes sont pourtant très différents pour expliquer ces chutes de production. En régions tropicales, l’augmentation de fréquence des événements de températures extrêmes va engendrer une augmentation de la fréquence des épisodes de blanchissement des coraux qui, en tant qu’habitats essentiels des poissons (nourriture, protection, recrutement), vont limiter l’abondance et donc la production de pêche. En régions polaires, malgré l’arrivée de nouvelles espèces des régions tempérées et une augmentation de la production primaire, un accès nouvellement étendu (en temps et en surface) aux régions occupées par la banquise va favoriser l’épuisement rapide des ressources par une pêche plus intensive couplée aux activités anthropiques telles que le convoyage par bateau et l’extraction de ressources énergétiques (pétrole et gaz). 120


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