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prospective mer 122 systémiques, de résilience et de gestion adaptative et la prise en considération de la dynamique des écosystèmes marins dans la perspective d’atteindre un bon état écologique des eaux. De l’évaluation de l’état initial d’un milieu à l’adoption de mesures de protection à la réparation des dommages causés à l’environnement marin (exemple des jugements de la Cour d’Appel de Paris et de la Cour de Cassation dans l’affaire Erika), le besoin de connaissances scientifiques s’amplifie et se complexifie. Or comment s’opèrent ces processus de dialogue et d’interférences entre ces disciplines scientifiques ? Quelles cohérence et coordination existent entre ces multiples enceintes d’expertise dans le domaine marin à l’échelle nationale, européenne et internationale ? Quelle plus-value attendre de l’IPBES en terme de caténation des données scientifiques disponibles et de promotion de la recherche marine ? Comment intégrer ces paramètres pour aboutir à une décision appuyée sur des analyses scientifiques robustes tout en préservant l’écoute d’autres façons de penser ? On est là aux limites de ce que peut aborder un institut de recherche, mais ces questions se posent de manière de plus en plus aiguë (par exemple dans le cadre de l’IPBES) et il faut se préparer à y répondre. D’autres questions émergent et elles doivent être abordées, la plupart dans un cadre interdisciplinaire. l Comment les différentes facettes des environnements concernés (littoraux et côtiers comme hauturiers) sont-elles affectées par les pressions anthropiques et leurs interactions avec les milieux ? l Quelles sont les conséquences de l’accroissement de ces pressions sur le fonctionnement actuel et l’évolution des systèmes marins ? l Quelles sont les conséquences effectives des actions de régulation, remédiation, renaturalisation, protection ou mise en réserve ? l Quels sont les effets des interventions des politiques publiques et de l’évolution des règles de droit (national, européen, international) sur le devenir de ces zones sur les plans écologiques, économiques et sociaux ? l Comment protéger ces zones spécifiquement ou globalement ? l Au-delà de cette simple protection, comment leur assurer un potentiel évolutif qui maximalisera leur adaptation face aux aléas du futur ? D’une manière générale, il est urgent de bien comprendre, d’une part, comment les hommes affectent les différentes composantes de l’écosystème et, en retour, comment ces modifications de l’écosystème influent sur les activités humaines. Ainsi, dans le domaine de la pêche, les impacts anthropiques concernent en mer des communautés sauvages qui, réagissant à ces impacts, touchent à nouveau en bout de chaîne des activités humaines (cas emblématique de la morue à Terre Neuve). Comment se structurent de tels circuits entre systèmes naturels et anthropiques ? En premier lieu, les différents forçages induits par l’homme sur les écosystèmes côtiers et marins ne sont pas nécessairement additifs, ils peuvent interagir au sein de processus multiplicatifs ou atténuatifs. Nous ne disposons actuellement que de très peu de connaissances à ce sujet, et les quelques résultats existants sont pour l’instant contradictoires. De nombreux développements théoriques et des expérimentations sont nécessaires sur cette question des forçages multiples. En second lieu, une combinaison de mêmes forçages, peut affecter de manière différente les composantes de l’écosystème. La réponse des écosystèmes doit donc être analysée à différents niveaux d’intégration. Enfin, ces réponses ne sont que très rarement linéaires et peuvent conduire à des changements de régimes. Les changements de régimes passés sont bien documentés, mais des efforts de recherche sont nécessaires pour être capable de prédire et, si possible, d’éviter ceux à venir. Parallèlement d’autres efforts de recherche doivent être faits sur les moyens qu’ont les sociétés pour s’adapter à ces changements et sur les processus facilitant l’adaptation des usages. L’approche globale des systèmes très fortement anthropisés liés à la mer nécessite de disposer d’un socle important de connaissances mais aussi de données spatialisées interopérables pour, par une approche intégrative, être à même de mieux appréhender les interactions hommemilieux dans toute leur complexité. Toutes ces questions nécessiteront la mise en place de systèmes d’observation adaptés aux différents enjeux et objets d’étude, de systèmes de bancarisation de données – standardisées et compatibles – afin de permettre une véritable compréhension de ces fonctionnements complexes. Observations et données afférentes devront être valorisées pour établir indicateurs,


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