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prospective mer Focus - Espèces introduites (suite) Les introductions biologiques peuvent en outre être des laboratoires expérimentaux naturels pour les études de processus éco-évolutifs tels que les interactions entre espèces, les processus de spéciation (du fait des remises en contact entre espèces préalablement isolées par des frontières naturelles) et pour mieux appréhender les réponses des écosystèmes aux déplacements d’espèces en réponse aux changements globaux. Les espèces introduites sont de nouveaux acteurs des écosystèmes marins et participent à la dynamique de la biodiversité marine dans ses différentes composantes. Le nombre d’espèces introduites devrait s’accroître au cours du prochain siècle en raison du changement climatique et de l’intensification du commerce et du tourisme. Il convient d’adopter une stratégie raisonnée face à cette problématique et contribuer à imaginer des mécanismes d’intervention efficaces minimisant leur impact ou leur augmentation. Ceci implique une synergie de recherche entre sciences du vivant (écologie théorique, écologie fonctionnelle, biologie évolutive) et sciences humaines et sociales (droit, économie, notamment via les services écosystémiques). Un élan avait été donné à ces thématiques dans le cadre du programme INVABIO. Ils font aujourd’hui épisodiquement l’objet de programmes ANR, par exemple avec Seas-era net (topic 2). De tels programmes devraient être amplifiés pour répondre aux problèmes lourds (y compris économiques) que posent ces espèces, surtout dans le contexte européen où une directive, concernant les espèces invasives, est en cours d’élaboration. Rappelons également que sur les 11 descripteurs retenus dans le cadre de la Directive Cadre Stratégie Pour le Milieu Marin (voir l’encadré DCSMM, ce chapitre), quatre impliquent les espèces non-indigènes. Ceci plaide pour accentuer la pression d’observation des milieux marins en soutenant des initiatives ciblées sur ces espèces dans les dispositifs de type « Observatoire » ou « Zone Atelier ». Cela nécessitera un renforcement des expertises taxonomiques et des développements méthodologiques pouvant compléter les approches morphologiques, tels que ceux reposant sur des codes-barres moléculaires et de génomique environnementale, qui ont fait leur preuve dans l’identification d’espèces introduites dans les deux dernières décennies. VII.2.3 Risques climatiques Le changement climatique induit diverses modifications. L’accroissement de la température moyenne de l’océan, d’ailleurs très hétérogène, s’accompagne de changements dans la distribution des espèces marines (voir également le chapitre VI) avec parfois des conséquences directes sur l’économie (raréfaction de ressources halieutiques, pullulement de méduses…). La modification des régimes de précipitations sur les bassins versants littoraux, amènent souvent des événements exceptionnels intenses (orages violents, tempêtes) qui se traduisent par des transferts particulaires en direction du secteur côtier avec des impacts importants sur les faunes et flores (envasement des récifs coralliens par exemple), mais aussi sur les divers usages que les sociétés font de la mer et du littoral. Ce qui caractérise tous les types de risques est leur extrême complexité, l’interpénétration de leurs causes et la multiplicité de leurs effets tant biologiques, qu’écologiques, sociaux ou économiques. Leur nécessaire prise en compte par nos systèmes politiques et sociaux suppose que les scientifiques puissent être en position d’éclairer les décisions. L’INEE, par sa capacité unique à mobiliser diverses disciplines autour du champ conceptuel de l’écologie globale doit être au coeur des problématiques associées aux risques. 130


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