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prospective mer Force est de constater que les avancées conceptuelles et pratiques sont essentiellement venues du milieu continental. Des mesures de restauration ou de réhabilitation sont par exemple prises pour pallier aux effets de l’érosion de la biodiversité, de la dégradation ou perte de sols, etc. L’intervention humaine peut alors concerner de très grandes surfaces de forêt ou de prairie. Ce type d’intervention est rarement envisagé à de telles échelles en milieu marin, à l’exception notable de l’ensemencement artificiel en fer réalisé dans l’Océan Austral pour accroître le piégeage du CO2 (encore que les derniers résultats révèleraient que la voie biologique de capture du carbone atmosphérique est très peu sensible à l’apport artificiel de fer dans l’eau). Plus localement, on commence à utiliser les mangroves pour épurer les rejets de structures aquacoles; on restaure des plages ; on construit des tunnels sous la mer pour le nettoyage des eaux d’égouts ; etc. Les infrastructures portuaires elles-mêmes peuvent être le cadre d’essais de restauration (e.g. projet GIREL dans le Grand Port Maritime de Marseille). D’une façon générale, le développement (durable) des zones littorales et maritimes doit être réalisé dans un contexte réglementaire Compensation écologique Les aménagements qui impactent le domaine marin sont divers (aménagements portuaires, aéroportuaires, industriels, urbains et routiers, plages, balisage en mer, câbles et conduites sous-marins, éoliennes offshore, dispositifs d’amarrage, dépôts d’hydrocarbures, fermes aquacoles, structures hôtelières) et nombreux sont ceux qui concourent à l’artificialisation des zones côtières, terrain d’action principal de l’ingénierie écologique. Si de nombreux cabinets d’audit et de conseil en ingénierie écologique guident les aménageurs (collectivités, communes, privés) en leur proposant certaines clés décisionnelles prenant l’environnement marin en compte, la recherche est rarement conviée. Aujourd’hui, tous les grands chantiers d’infrastructures doivent estimer leur impact sur la biodiversité et prendre les mesures nécessaires national et européen. En respect du code de l’environnement, les aménagements et rejets littoraux sont soumis à plusieurs procédures et les dossiers correspondants doivent être instruits par les services de l’état. Les documents réglementaires ont également pour objectif de fournir aux gestionnaires des outils d’aide à la décision basés sur : • un diagnostic environnemental ; • une analyse des principaux impacts du projet ; • des propositions de mesures réductrices ou compensatoires de ces impacts. Tous ces éléments supposent de pouvoir s’appuyer sur un corpus de connaissances robustes afin que les décisions prises le soient avec les meilleures garanties de succès. Le développement d’une science amont, interdisciplinaire, préparée à répondre à ces types de questionnements est une nécessité. Au vu de l’ensemble des disciplines concernées par l’ingénierie écologique, une telle nécessité s’incrit véritablement au coeur des sciences pratiquées à l’institut INE. A ce jour, les deux principales formes d’intervention sur le domaine marin sont les mesures de compensation et la création de récifs artificiels. pour limiter au maximum les dégradations. Si certains dommages ne peuvent être évités, le maître d’oeuvre doit compenser les dégradations écologiques qu’il occasionne. Composante ultime du triptyque « Eviter, Réduire, Compenser » des évaluations environnementales, la compensation écologique suscite une forte mobilisation des décideurs et des investisseurs. Présente, depuis parfois longtemps, dans le corpus juridique d’une trentaine de pays, elle vise à contrebalancer les impacts environnementaux résiduels à venir d’un plan, programme ou projet qui ne peuvent être évités ou réduits et à contribuer à la réparation des atteintes écologiques. Toutefois, en l’absence d’un renforcement effectif des contraintes juridiques, le risque de transformer la compensation écologique, en un mode de gestion normale des écosystèmes, peut se 132


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