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prospective mer Aujourd’hui aux USA, la logique de la compensation des dommages à l’environnement marin est guidée par le seul critère de la surface, et repose essentiellement sur l’implantation de récifs artificiels, puissamment influencée par un lobby de groupes qui ont un intérêt à l’utilisation de ces récifs (pêcheurs, plongeurs et fabricants) et par la préférence des tribunaux et des services publics pour les solutions dépourvues de risque social. Le Japon est le seul pays à avoir développé une stratégie à grande échelle de développement de récifs artificiels et à avoir localement restauré sa ressource halieutique marine grâce à des modèles très variés répondant aux besoins précis de différentes espèces et aux conditions de milieu. Chaque année le pays immerge des centaines de milliers de m3 d’infrastructures. En Europe, les récifs les plus importants ont été immergés au Portugal, en Espagne et en Italie avec plus de 100.000 m3 chacun. Récemment, la ville de Marseille a lancé l’opération « Récifs Prado » dans la rade sud de Marseille, pour repeupler les fonds quasi désertiques de cette zone grâce à une installation de 30.000 m3, qui sera la plus grande d’Europe. La France compte actuellement environ 80.000 m3 de récifs répartis le long de la côte méditerranéenne et quelques récifs isolés au large de la façade atlantique. Outre-Mer, la Réunion s’est engagée depuis 2002 dans un programme expérimental, à l’initiative des pêcheurs professionnels. Depuis 2007, de nouveaux prototypes en béton recyclé ont été conçus et immergés (programme « corail Réunion »), avec comme objectif de faciliter la colonisation par les scléractiniaires. Les récifs artificiels sont de plus en plus sophistiqués, cherchant à mimer tel ou tel aspect de la nature selon le service écologique recherché (attraction, protection et nourriture des espèces qu’il doit attirer et abriter, nurserie, biomasse de telle espèce). Ils sont aussi de mieux en mieux positionnés par rapport à l’hydrologie locale, mieux prise en compte. Ils doivent être constitués de matériaux neutres, éco-compatibles, non toxiques. Ils ne doivent pas être exposés à des panaches de pollution organique ou chimique, ou installés à proximité de zones de munitions immergées ou de zones mortes. Enfin, ils doivent être l’objet d’observations, de suivis à long terme et d’expérimentations, dans le cadre de recherches scientifiques comme dans celui de contrats de gestion environnementale. 134


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