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prospective mer 12 La connectivité La connectivité cristallise des questionnements scientifiques à la confluence entre sciences fondamentales (e.g. paradoxe de l’adaptation dans des environnements diffusifs ou encore des réponses biologiques anisotropes dans un milieu isotrope) et sciences appliquées (e.g. schéma de mises en réserves et de protection des écosystèmes). Les questions de connectivité touchent également des aspects sociaux (e.g. partage de pratiques) comme économiques (e.g. transport maritime). De ce fait, le terme de connectivité utilisé dans différents contextes disciplinaires avec des sens divers mérite d’être clarifié pour éviter des incompréhensions entre les acteurs des différents domaines scientifiques qui utilisent ce terme. Pour dépasser les limites méthodologiques et conceptuelles propres à chacune des disciplines scientifiques, il sera nécessaire de soutenir des réseaux d’acteurs, par exemple par des programmes scientifiques dédiés (e.g. PEPS, ANR). De façon globale, les flux de gènes, d’individus et d’espèces qui définissent les échanges entre habitats et milieux se réalisent à différentes échelles spatiales et temporelles et ils ne peuvent être pleinement compris et pris en compte que par un couplage des modèles physiques et biologiques, mais aussi par d’autres approches transdisciplinaires, par exemple des méthodes qui utilisent la signature biogéochimique des organismes pour identifier leur lieu d’origine. Les efforts initiés dans ce domaine associant les compétences des équipes de l’INE et des autres instituts/ organismes devront être poursuivis. La plupart des recherches en macroécologie et notamment celles visant à anticiper les modifications de répartition des espèces sont dépendantes des progrès réalisés dans la compréhension et la prise en compte des mécanismes de connectivité y compris sur le temps court. Concernant les processus biologiques, plusieurs questions se posent que ce soit en termes disciplinaires ou interdisciplinaires ou encore au titre d’organismes ou d’écosystèmes peu étudiés sous l’angle de la connectivité. l Le concept de connectivité en milieu marin prend des éclairages spécifiques selon les champs disciplinaires qui s’y intéressent (écologie, évolution, sciences sociales). Peuton et comment réaliser une intégration disciplinaire autour de la connectivité ? Quels seraient les chantiers « idéaux » pour réaliser ces couplages ? l Quelle utilisation des concepts de la biologie évolutive, et notamment de la génétique et de la génomique, privilégier pour cerner les questions de connectivité dans tous les compartiments de la biodiversité marine du nano- au méga- et du pélagos au benthos ? Auparavant cette question de connectivité concernait surtout des espèces mobiles d’assez grande taille (notamment approchées par des techniques de Capture-Marquage-Recapture). La banalisation des outils génétiques et génomiques permet désormais une ouverture à toutes les espèces marines, y compris celles composant les communautés de microorganismes, et à toutes les questions liées à la connectivité. l Comment intégrer les connaissances obtenues dans le domaine de l’écophysiologie (e.g. variation des traits d’histoire de vie en fonction des conditions du milieu) dans les modèles de dispersion, en particulier ceux intégrant les paramètres physiques (hydrologiques) ? l Comment mieux articuler les études fondamentales de la connectivité, appuyées sur des approches de biologie moléculaire et de génétique des populations, avec les problématiques de conservation (liens avec les aires marines protégées - AMP -, la trame bleue, les invasions biologiques, etc.), par exemple pour aller vers une génétique de la conservation en milieu marin ? l Dans certains écosystèmes, comme ceux des grandes profondeurs, les questions de connectivité se posent avec une acuité particulière avec d’une part un environnement globalement stable et vaste, mais à très faible densité de peuplement et d’autre part avec des situations à forte instabilité temporelle et spatiale pour les communautés associées aux suintements hydrothermaux, aux carcasses de grands cétacés, aux bois coulés… Dans d’autres I.3


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