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prospective mer Synergies, interactions Comme leurs analogues terrestres, les systèmes marins mettant en interface aspects naturels et anthropiques sont éminemment complexes. Les facteurs forçants de tels systèmes sont non seulement divers par leur nature et leur impact, mais ils s’additionnent, se multiplient ou se contrarient selon les facteurs et selon les contextes. Les connaissances sur les divers facteurs de changement (température, acidification, flux de polluants ou de terrigènes, etc.) ont largement progressé: en écophysiologie, écotoxicologie, écologie fonctionnelle pour la biodiversité. Les études relatives aux rapports de l’homme avec le milieu marin, particulièrement celles qui concernent les territoires côtiers, ont connu de très importants développements VII.4.1 depuis plusieurs décennies. Elles portent principalement sur les usages, les aménagements et leur analyse. Géographes, sociologues, anthropologue, juristes, économistes se sont penchés sur ces milieux spécifiques. Pour autant ces travaux demeurent fondamentalement disciplinaires, même si la notion d’interdisciplinarité est souvent invoquée. Toutes ces études ont aidé à prendre conscience de la multitude des impacts et surtout de leurs interactions qui en amplifient ou en réduisent les effets. Que l’on considère le hauturier ou le côtier, les recherches à venir devront prendre en compte la complexité des socio-écosystèmes créés par l’action de l’homme. Il y a là un enjeu qui représente un saut quantique dans la manière d’aborder le sujet. C’est donc une capacité d’étude interdisciplinaire extrêmement large et puissante qu’il faudra mettre en place permettant a priori les interactions entre toutes les sciences de l’environnement, quels qu’en soient les domaines, abiotique, biologique ou anthropique. Cet objectif sera atteint lorsque l’on aura pu mettre sur pied une démarche intégrée, pour une écologie globale, prenant en compte la complexité des systèmes et les imbrications d’échelle. L’enjeu est donc bien celui de la mobilisation de toutes les sciences qui se préoccupent d’environnement à laquelle il sera essentiel de parvenir, y compris des sciences de l’homme et de la société. La mise en oeuvre d’une politique de l’environnement pour un développement durable, en milieu côtier et littoral, plus qu’ailleurs peut-être, doit se fonder sur de nouvelles pratiques qu’il faut énergiquement promouvoir, pratiques qui seront fondées sur une co-construction des problématiques de recherche et du choix des objets d’étude et sur la mise en place de principes d’échange et d’ouverture de chacune des disciplines vers les avancées scientifiques des autres pour favoriser les hybridations nécessaires à la bonne compréhension de ces systèmes complexes. Services écosystémiques en domaine marin Face au déclin accéléré de la biodiversité, la notion de services écosystémiques est promue comme fer de lance d’une nouvelle stratégie de conservation et d’utilisation durable de l’environnement. Médiatisée par le Millenium Ecosystem Assessment en 2005, elle suscite un engouement grandissant auprès des chercheurs, des décideurs et des investisseurs. Le MEA les définit comme les « bénéfices rendus par les écosystèmes au bien-être humain », on devrait d’ailleurs plus exactement dire les bénéfices que les êtres humains tirent des écosystèmes. Ils sont classiquement rangés en quatre catégories principales (selon la définition du MEA). Les services de soutien permettent à la vie de se maintenir sur Terre et ils sont à la base des trois autres types de services : ceux de régulation, d’approvisionnement et les services culturels. Les écosystèmes marins contribuent à ces quatre catégories. Les services écosystémiques s’inscrivent le long d’une chaîne qui aboutit à des décisions politiques et de gestion, en s’appuyant sur une expertise fiable elle-même étayée par une recherche fondamentale robuste. Ils ne prennent leur sens que si toute cette chaîne est bien prise en compte ; ce faisant ils sortent du champ habituel de notre culture scientifique traditionnelle. Il faut en avoir conscience si on veut en apprécier la pertinence et le cas échéant les promouvoir efficacement. Par ail- VII.4 138


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