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147 versité et de gestion des interactions hommesmilieux. Interfaces entre le domaine terrestre et le domaine marin, les zones côtières sont des lieux d’échanges favorables à l’abondance et à la diversité biologique, comme l’atteste la liste des 34 points chauds mondiaux de biodiversité. Mais les littoraux sont aussi des espaces de plus en plus investis par l’homme (littoralisation). Environ 60% de la population mondiale réside à moins de 100 km des côtes et génère un usage disproportionné des ressources du littoral et un accroissement des effluents polluants. Plus que toute autre partie de la planète, les littoraux sont des lieux de compétition, de conflit, lieux d’imaginaire et d’idéologie. Ils sont aussi profondément affectés par les mutations induites par le changement global et ses conséquences, depuis les mutations économiques et sociales majeures, jusqu’aux conflits de préservation de la « nature » et aux tentatives de renaturalisation. Les actions structurelles, avec leurs logiques qui relèvent de l’anthroposphère et non des socio-écosystèmes locaux, engendrent une complexité intense dans les phénomènes et systèmes qu’elles produisent ou conditionnent. Une telle complexité dépasse le cadre d’une simple interface. Elle nécessite dès l’amont une prise en compte de cette caractéristique d’anthropoconstruit, où l’homme est, quel que soit le niveau considéré, l’acteur prépondérant du système. Ces aspects anthropiques dominants représentent un facteur déterminant de l’évolution des milieux littoraux et côtiers et soulèvent un grand nombre de questions pour la recherche scientifique, aussi bien sur un plan opérationnel que sur un plan plus fondamental. Soumis à de très fortes pressions anthropiques, les espaces littoraux et côtiers concentrent des questionnements liés à l’urbanisme et l’aménagement du territoire (Figure VI.1), aux activités primaires (pêche, aquaculture, agriculture, élevage), à l’environnement (qualité des eaux côtières et estuariennes, zones humides, espaces protégés, récifs naturels ou artificiels), ou encore à l’exploitation des ressources abiotiques (dragages, exploitation des ressources minérales), mais aussi à la gestion des risques (voir chapitre VI). Comprendre le fonctionnement et la dynamique de ces systèmes requiert une approche spécifique en accord avec cette prépondérance de l’action humaine sur la globalité des socio-écosystèmes, y compris sous ses aspects politiques et juridiques. En effet, les options politiques ou la modification des législations nationales et internationales vis-à-vis des pratiques de protection environnementale, mais aussi l’évolution de la perception de la dégradation de l’environnement par le public et de la nécessité de sa protection induisent des changements de pratiques et l’apparition de conceptions nouvelles de remédiations (renaturalisation, zones protégées, pensées «  citoyennes »…). Ceci requiert l’évaluation des conséquences de ces modifications en termes d’efficience, mais aussi d’effets directs et collatéraux induits sur les milieux et la société. Figure VI.1. Les zones côtières sont l’objet de pressions multiples (dégradation d’habitats, exploitation, trafic maritime) qui sont à même d’altérer leur bon fonctionnement écologique et dont les effets cumulés demeurent mal connus.


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